Blog sur la production de framboises biologiques avec une méthode utilisant les "mauvaises herbes" comme engrais-paillage. la technique est une amélioraion du BRF:"Bois,Rameaux Fragmentés". elle nécéssite très peu de matériel donc très peu d'investissement; elle ne nécéssite pas non plus de travail de force style bêchage ou passage de motoculteur. en double-cliquant sur les photos,vous verrez mieux les détails. pour laisser un commentaire, choisir l'identité anonyme.

dimanche 19 avril 2009

mardi 14 avril 2009

Grenelle de l'empoisonnement

Abeilles : où sont-elles passées ?

Révolte et cri d’alarme d’un apiculteur professionnel
Par José Nadan, Président du Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne
samedi 4 avril 2009 Posté par José Nadan



José Nadan est apiculteur professionnel. Pour lui, "l’abeille disparaît à cause des pesticides, il est malhonnête de le contester" … Et la situation continue à se dégrader…


Le Grenelle de l’environnement a viré au Grenelle de l’empoisonnement





L’industrie agrochimique remplace les anciennes molécules moins rentables par de nouvelles bien plus lucratives et d’une toxicité encore jamais vue.
On ne mesure plus le toxique en mg/l, ou en ppm, mais maintenant en ppb (partie par milliard).
Exemple du Cruiser récemment autorisé : la fine pellicule d’enrobage d’un grain de maïs contient 0,63mg de thiaméthoxam (source Syngenta), ouvrez un ce ces sacs de semences Cruiser, prenez un grain de maïs, un seul, balancez le dans une cuve de 5000 litres d’eau, vous atteignez une contamination de 0,126 microgramme/litre, soit au dessus de la norme européenne de 0,1 microgramme/litre pour l’eau potable. Le thiaméthoxam est hypersoluble dans l’eau (jusqu’à 5gr/litre d’eau).
Semé à 100 000 grains/hectare, le potentiel de contamination d’un ha de maïs Cruiser correspond donc à la contamination potentielle d’un demi-milliard de litres d’eau à 0,126 microgrammes/litres. Une partie de ce thiaméthoxam arrivera inéluctablement à votre robinet. Une partie aussi, c’est l’objectif, se diffusera dans la sève de la plante, et cette fois ce sont nos petites abeilles et tous les insectes pollinisateurs qui resteront sur le champ. Et quel impact d’un tel poison sur les vers de terre et toute la flore microbienne du sol ?
Les firmes chimiques connaissent l’extrême toxicité de la molécule ainsi que sa rémanence : « dangereux pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs », « une utilisation seulement tous les 3 ans », « pas de plante attractive pour les abeilles dans la rotation des cultures » (et le maïs ? ) , « installez des déflecteurs sur les semoirs pour que les poussières ne s’envolent pas », « remplissez le semoir à plus de 10m du bord du champ », « semez par vent faible », « portez des équipements qui protègent les yeux, la bouche et le nez, notamment un masque, des gants, une combinaison à capuche… »…
Seraient-ce « les graines de la mort » pour exiger de l’agriculteur tant de précautions ? Vous pouvez consulter toutes les précautions d’emplois à l’intention de l’agriculteur … à vous donner froid dans le dos… [1]
Veulent-ils exterminer les apiculteurs, ces témoins gênants ? Les abeilles disparaissent en quantité depuis une dizaine d’années, ce qui correspond à l’arrivée des néonicotinoïdes dont le fameux Gaucho que tout le monde croit interdit mais dont la molécule, l’imidaclopride, est de plus en plus présente dans les sols français. Elle est toujours utilisée pour les céréales, pour la betterave à sucre, pour des fruitiers… sous une vingtaine de marques commerciales, liste que vous pouvez trouver sur le site du Ministère de l’agriculture [2].
Elle est présente partout. Une étude en 2002-2003 relevait que 60 à 70% des pollens de végétation spontanée contenaient de l’imidaclopride à des doses suffisantes pour constituer une toxicité chronique.
La plupart des apiculteurs sont convaincus de ces faits mais ce n’est pas facile pour eux de le prouver : les abeilles ne revenant pas à la ruche, il est difficile de les faire analyser. On assiste de plus en plus à une dépopulation des ruches tout au long de la saison, avec beaucoup de problèmes de fertilité (beaucoup de ruches bourdonneuses…). Et que sait-on aujourd’hui des effets synergiques de plusieurs molécules ? On retrouve un tel cocktail dans la nature, même dans l’eau de pluie ! [3].
Une récente étude en Italie a prouvé l’extrême toxicité des exsudats de maïs traités aux néonicotinoïdes, de l’ordre de 1000 fois la dose fatale à l’abeille. [4]
La plupart des apiculteurs sont écœurés du refrain de l’AFSSA : « les mortalités d’abeilles sont dues à des causes multifactorielles ». L’apiculteur était-il plus compétent autrefois ? Il y a moins de 20 ans, des « papis » produisaient du miel en se contentant de soulever le toit de la ruche 2 fois par an, une fois pour poser la hausse, une fois pour l’enlever. Leur principal souci était d’avoir des ruches vides pour installer les essaims naturels qui se présentaient. Aujourd’hui malgré les élevages de reines et les nombreux essaims que nous faisons sans cesse, nous avons en permanence des palettes de ruches vides. L’évolution est dramatique depuis quelques années. D’ailleurs les chiffres officiels l’annoncent : moins 15 000 apiculteurs amateurs au niveau national entre 1994 et 2004 (source audit GEM) et depuis le déclin s’est accéléré…
Les maladies, parasites ou champignons divers existaient avant, ils ne sont pas la cause première de nos soucis mais plutôt la conséquence de l’affaiblissement par les pesticides. Méfiez-vous de la désinformation perpétuelle pratiquée par le lobby agrochimique dans les médias, sur Internet avec ses liens sponsorisés. Quand vous tapez « abeilles, environnement… » vous avez www.jacheres-apicoles.fr financé par BASF et les grands semenciers, vous y trouvez tout sur les menaces pesant sur l’abeille mais bien sûr un dédouanement des pesticides.
Nous avons face à nous la puissance de l’industrie chimique. Des « journalistes agricoles » tel Gil Rivière-Wekstein leurs sont totalement dévoués [5]... Ils réussissent même à établir une « collaboration » avec des collègues apiculteurs tel Philippe Lecompte, apiculteur, bio de surcroît. Doit-on encore considérer ceux-ci comme « apiculteurs » ou d’abord comme « consultants » pour ces firmes chimiques ?
L’UIPP « l’Union des Industries de la Protection des Plantes », organisme de propagande des pesticides siège à l’AFSSA, ainsi l’on comprend mieux pourquoi l’AFSSA peine tant à accuser les pesticides…. Sa présence est-elle compatible avec un fonctionnement indépendant ? [6]
Hier, je suis resté très perplexe à la lecture de la dernière fiche « Avertissements agricoles » sur l’utilisation du Cruiser, émise par le SRPV (Service Régional de la Protection des Végétaux) : juste les précautions d’emploi minimums concernant l’aspect technique…absolument rien sur la forte toxicité du produit, même pas pour l’agriculteur… aucune consigne pour demander de restreindre ce traitement des plus polluant aux parcelles à risque avéré de taupins
Récemment en Bretagne (et ailleurs sans doute) une grosse propagande a eu lieu pour inciter les agriculteurs à commander des semences traitées Cruiser, propagande de l’industrie chimique très bien relayée par certains revendeurs. Ils parviennent à convaincre nombre d’agriculteurs de jouer la sécurité, on met de la semence traitée même ou il y a très peu de risque de taupins.
Pourtant un technicien agricole expérimenté, libre et indépendant, vous dira que de nombreux agriculteurs conventionnels ne connaissent pas de dégâts sérieux dus aux taupins. Il vous dira que les risques déclenchants sont bien connus : dégradation des matières organiques en anaérobie, PH insuffisant, déséquilibre des sols… Il est aussi évident que ces agriculteurs s’imposent d’incorporer les matières organiques au sol suffisamment longtemps avant le semis…
Soyons tous bien conscients que ce ne sont pas les 1 à 2% de parcelles à risque qui sont visées par Syngenta mais bien toutes les surfaces de maïs. Dans leurs documents publicitaires, avec des arguments partisans et mensongers, avec des graphiques trompeurs, ils promettent des rendements meilleurs dans toutes les situations. La lutte contre le taupin n’est qu’un prétexte et une porte d’entrée pour convaincre les agriculteurs d’acheter leur poison. Le matraquage systématique par la diffusion de bulletins "Alerte taupins" auprès de techniciens agricoles et dans les journaux agricoles a préparé le terrain depuis quelques années. Ils avaient annoncé un pullulement de taupins suite à l’interdiction de certains produits jugés trop toxiques. Comme ce ne fût pas le cas, il fallait aux firmes chimiques maintenir la pression, communiquer tous azimuts sur les parcelles touchées, sinon l’absence de traitements (et de taupins) aurait pu habituer l’agriculteur à se passer de ces produits que les firmes veulent rendre indispensables.
Les agriculteurs italiens, eux aussi, ont dû faire face à ces stratégies commerciales offrant certains hybrides quasi exclusivement en semence traitée avec insecticides. Les agriculteurs étaient ainsi contraints d’acheter, bon gré mal gré, de la semence traitée…
Mais en Italie, suite à des hécatombes d’abeilles, toutes les semences enrobées insecticides sont aujourd’hui interdites (Gaucho, Cruiser, Poncho, Régent…). Auparavant, une expérience pluriannuelle, 2003 – 2006, menée sur un échantillon représentatif des conditions du maïs dans la plaine Padane, avait montré que le traitement avec des insecticides (Gaucho, Cruiser…) n’avait pas d’incidence significative sur les rendements et la production du maïs (Université de Padoue).
L’expérimentation avait mis en évidence que les rendements de maïs obtenus à partir de semences traitées avec fongicides seuls tendent à être supérieurs à ceux obtenus avec des semences traitées avec insecticides, alors qu’il n’y avait aucune différence de production significative entre le maïs provenant de semences traitées avec insecticides et les non traitées. Cette étude contredit tout ce qui est annoncé par Syngenta… En outre, les semences sans insecticide ont tendance à germer plus rapidement.
Malgré l’expérience italienne il va falloir à notre tour qu’on subisse ces hécatombes d’abeilles, qu’on accepte une pollution des sols, de l’eau, de l’air… Tout ça pour les seuls intérêts de Syngenta.
Nos responsables agricoles ne peuvent pas ignorer ces études… On peut donc s’interroger sur le rôle joué par la puissante FNSEA dans cette désinformation. Ses dirigeants roulent-ils exclusivement pour les firmes chimiques et les grands semenciers ? Que font-ils pour défendre, un tant soit peu, les vrais intérêts des agriculteurs ?
Pourquoi le journal « Le Paysan Breton » est il devenu un outil de propagande au services des firmes chimiques, au lieu d’être un outil de vulgarisation de techniques propres allant dans l’intérêt de l’agriculteur ?
Que font les firmes chimiques dans certains lycées de formation agricole ?
Cette année, le produit miracle est chez nous, il s’appelle « Cruiser », et la lutte contre le taupin – ou plus souvent son fantôme - va battre son plein. Après enquête auprès d’agriculteurs et de coopératives je constate, que les pourcentages des surfaces de maïs Cruiser ne sont pas liés au risque taupins mais bien plus en adéquation avec la politique commerciale de la coopérative, et avec son application sur le terrain par des commerciaux plus ou moins scrupuleux. Il n’y a aucune logique agronomique…
Si certaines coopératives n’en ont pas proposé, ou alors très peu, d’autres telle la Cooperl (producteurs de porcs de Lamballe) visent 50% des surfaces… L’on constate aussi les mêmes écarts au niveau des commerciaux d’une même coopérative : l’un des commerciaux de Coopagri me dit en limiter l’usage aux parcelles qu’il juge à risque tandis que d’autres en sont à plus de 50%... Soit suffisamment pour qu’on puisse leur suggérer la commercialisation prochaine d’un « Beurre Paysan Breton au Cruiser ».
Sur nos 4 départements le maïs couvrira plus de 400 000 ha. 100 000 ha avec Cruiser ? Ou plus ? Qui s’en intéresse ? Imaginez pourtant la quantité de ce poison de thiaméthoxam balancé dans la nature et qui fatalement nous reviendra à la figure… par l’air, par l’eau, par notre alimentation… Quels seront les dégâts pour nos abeilles déjà trop malmenées ? Qui peut dire quelle part de ce thiaméthoxam aboutira dans nos rivières ? Quel est l’avis du consommateur et du contribuable ? Qu’en pense le conseiller régional quand il doit trouver des millions d’euros pour le programme « Bretagne eau pure »… ou lorsqu’il vote d’importants crédits pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement ?
Tout ceci se fait en usant de formules injustes et malhonnêtes « L’agriculture durable et raisonnée » dit une publicité Cruiser expédiée aux agriculteurs. Alors que c’est tout l’inverse du raisonné, puisque l’on pellicule le grain d’insecticide et de fongicide sans savoir s’il y aura attaque d’insectes ou champignon éventuel. C’est le summum du traitement systématique et déraisonné.
Je suis fils, petit fils, arrière petit fils de paysans… et je pleure aujourd’hui que la sagesse paysanne aie pu à ce point déserter nos champs…
L’abeille est le témoin malheureux de ces pratiques inconscientes. Quel éleveur, quelle que soit la production, survivrait économiquement et psychologiquement à des pertes régulières de son cheptel de l’ordre de 30, 40, et parfois au-delà de 50% ? Des collègues sont désespérés, va-t-il falloir des drames humains, des drames familiaux pour que l’administration française arrête de nous traiter avec mépris. Dans tout rapport officiel sur l’apiculture, une soi-disante incompétence des apiculteurs prend plus de place que les conséquences de l’usage des pesticides. Quand j’ai démarré, il y a 25 ans, quasiment sans formation et sans expérience, la taille de mon cheptel progressait sans difficulté. Aujourd’hui, malgré les techniques que j’ai acquises, les moyens plus importants dont je dispose, je me sens aussi désarmé que le débutant. En cette fin mars, lors de mes premières visites ce printemps, la situation est toujours aussi préoccupante… Toute installation de jeunes devient impossible…
Le récent rapport de Martial Saddier « pour une filière apicole durable »ne nous donne aucun espoir. La limite des investigations est fixée dans la lettre de mission du Premier Ministre, Mr Fillon, en une phrase : « sans préjudice de la nécessaire prise en compte de la protection sanitaire des cultures », en d’autres termes : « rassurez les apiculteurs ! Occupez-les ! Mais interdiction au député de mettre en cause les pesticides » [7].
Face aux défis que nous devons affronter, les moyens d’actions de notre syndicat sont dérisoires. L’adversaire est puissant mais nous avons pour nous notre bonne foi et notre conscience, et surtout un fabuleux atout : l’opinion publique ! Car de plus en plus de personnes sont victimes de ces poisons jusque dans leur chair et ils doivent, en plus, payer les dépollutions. Nous avons besoin d’être épaulés, nous manquons de moyens, humains et financiers pour communiquer, pour combattre l’hypocrisie des lobbyistes de l’agrochimie.
L’urgence et l’enjeu sont de taille, ils concernent chacun d’entre nous.
Diffusez cet article, alertez vos élus pour mettre l’agrochimie face à ses responsabilités ! Le maïs dans nos campagnes bretonnes est une catastrophe pour la planète : c’est une plante exigeante en eau, en engrais, en pesticides… donc des plus polluante. c’est une plante déséquilibrée pour l’alimentation de nos troupeaux, obligeant l’agriculteur à compléter les rations alimentaires avec du soja OGM, produit à l’autre bout de la planète au détriment des forêts et des cultures vivrières… affamant encore un peu plus les populations démunies [8]
Diffusez cet article, alertez vos élus car le cruiser : constitue une grave menace supplémentaire pour nos abeilles constitue une grave menace pour l’eau, de nos rivières jusqu’à notre table.
José Nadan, Kercadoret 56320 Le Faouët - Apiculteur professionnel depuis 1984, Président du Syndicat des Apiculteurs Professionnels de Bretagne - jose.nadan@wanadoo.fr


[1] Guide des bonnes pratiques Syngenta, adressé aux agriculteurs, les 4 pages qui suivent, et site http://www.syngenta-agro.fr/synweb/produit_fiche_1694_1_CRUISER.aspx.
[2] Site du Ministère de l’agriculture : http://e-phy.agriculture.gouv.fr/.
[3] Voir étude 1999-2002 « Produits phytosanitaires dans les eaux de pluie de la Région Nord – Pas-de-Calais »,1999 - 2002 l’étude ne semble plus téléchargeable (résultats peut être trop inquiétants ?). Nous pouvons vous la transmettre si vous désirez.
[4] Voir http://www.univers-nature.com/inf/inf_actualite1.cgi ?id=3634 et http://www.mieliditalia.it/n_rugiada.htm visionner aussi la petite vidéo.
[5] voir site : voir site : www.affaire-gaucho-regent.com.
[6] Lire « Pesticides, révélations sur un scandale français. » http://www.fabrice-nicolino.com.
[7] Ces consignes ont été respectées, vous pouvez le constater dans le rapport rapport Saddier : http://www.developpement-durable.gouv.fr/article.php3 ?id_article=3776.
[8] Voir le film « Herbe » : http://www.herbe-lefilm.com/ .



http://cdurable.info/Revolte-et-cri-d-alarme-d-un-apiculteur-professionnel,1640.html

mardi 7 avril 2009

je ne suis pas le seul paysan bio à avoir arrêté les cultures commerciales



1 hectare par agriculteur= partage de la ressource
c'est l'agriculture d'un monde durable et juste,un modèle que notre société d'EXPLOITATION
refuse de voir s'implanter.
un modèle qui pourtant rend heureux ,qui permet de vivre en harmonie avec la nature et que nous serions fiers de léguer à nos enfants...



L’agriculture sans pesticides derange les idees recues,
Novethic, 23/03/09
Helene Huteau

La « semaine sans pesticides », Richard Wallner la vit a l’annee. En Charente, ce jeune agriculteur experimente une « agriculture naturelle » sans pesticides, sans engrais et sans labours, avec une production a la surface meilleure qu’en monoculture industrielle, notamment grace a la complementarite des cultures.
Richard Wallner a banni de son exploitation agricole, depuis trois ans, les produits chimiques. Enthousiaste sur les resultats, il cite pour l’exemple : « le probleme des limaces s’est regle de lui-meme, des la seconde annee, grace aux carabes, crapauds et herissons », des allies naturels qu’il a su attirer par des bandes enherbees et conserver en s’abstenant de traiter ses salades et de labourer. Ce jeune agriculteur s’est installe en Charente, a Marsac, pres d’Angouleme, pour mettre en pratique les principes d’une agriculture ecologique, en totale rupture avec le modele agricole intensif actuel. Sa ferme, Au Petit Colibri, qui est aussi un ecolieu pedagogique, ressemble au premier abord a une friche. Pourtant, lorsqu’on penetre, les choux, salades et autres legumes sont bien la, sur des buttes, calfeutres dans de la paille.

"Principe du non agir"
Richard Wallner pratique une agriculture dite « naturelle », qui preconise le non labour, interdit tout pesticide, fongicide ou herbicide et evite meme l’emploi de tout compost prepare, aussi naturel qu’il puisse etre.

Le concepteur de cette methode, le Japonais microbiologiste des sols Masanobu Fukuoka, avait tant etudie la complexite des interactions au sein des ecosystemes, dans les annees 1930, qu’il en etait arrive a la conclusion que toute intervention humaine causait plus de degats qu’elle n’en reparait.

« La nature fonctionne tres bien mais nous ne l’avons toujours pas comprise » resume Richard Wallner. Par exemple, ses plants de tomates, non tailles, resistent mieux aux maladies et donnent autant de fruits, meme si ces derniers sont un peu plus petits. Il est rejoint dans ce principe par un chercheur contemporain de l’INRA, Jean-Marie Lespinasse, qui, apres avoir tout essaye, conclut sur les arbres fruitiers : « il faut laisser l’arbre tranquille, avec de l’espace »...

Pour autant, precise Richard Wallner, « le principe du non agir n’est pas l’agriculture du rien faire. Cette methode necessite beaucoup d’observation, de presence et de travail ».

Surtout les premieres annees, ou il faut arracher ou faucher les herbes indesirables. Ensuite, la couverture du sol, le fait de ne pas labourer et quelques autres techniques reduisent la repousse.
Locale, sobre et productive
Cette agriculture se pratique a petite echelle (moins de 10 ha la ferme) et sur la proximite.

Rentable au plan economique, ecologiquement et socialement viable.

L’un des secrets de sa rentabilite, des la premiere annee, repose sur l’absence d’investissement lourd, puisqu’on se passe de tracteur et d’intrants. On evite au maximum les transports en organisant les terres autour de la ferme, selon les principes de la permaculture. La vente se fait aussi localement. Richard Wallner a vite fidelise des familles avec ses paniers hebdomadaires.
Le concept d’organisation permaculturelle, qui fait des emules dans le monde entier, optimise toutes les energies, humaines, fossiles et naturelles, du bati aux cultures, en passant par la gestion de l’eau. Cette ferme ideale est non seulement sobre mais tres productive grace au melange des cultures, qui permet de densifier l’usage de la terre. Ainsi, le verger sert aussi de poulailler. Les arbres sont d’ailleurs presents sur toutes les cultures puisqu'ils en sont les regulateurs, remontant les fertilisants a la surface grace a leurs racines. « La ferme est de plus en plus auto fertile, securisee et de moins en moins penible. Le systeme est mature au bout de dix ans, la duree d'une bonne emprise des arbres» explique Richard Wallner.
Une experience qui derange
L’objectif de l’experience de Richard Wallner est de prouver la viabilite du systeme, independant du petrole et de toute subvention europeenne, benefique pour la sante et l’environnement, et qui recreerait du lien social et de l’emploi dans les campagnes. « A terme, on peut envisager un hectare par agriculteur, qui nourrirait vingt a trente familles de facon diversifiee, hors viande. Avec un million de fermes on nourrit la France sur une surface ridicule ! » extrapole-t-il. Son projet a commence sur les chapeaux de roues, en 2005, grace a l’aide de benevoles et les deux premieres annees ont ete prometteuses.

Mais ce parisien exile, ingenieur de formation, a du arreter les cultures commerciales pour cause de blocage de la mairie de Marsac, qui lui refuse arbitrairement le droit de construction sur son terrain.

Son projet avait pourtant le soutien du Conseil General, de la Chambre d’Agriculture et de la DIREN. En janvier, il a meme recu la visite des Verts. « L’experience de Richard est interessante car il utilise des methodes que les agriculteurs traditionnels n’ont pas appris comme etant possibles » a declare Cecile Duflot, secretaire nationale. Peut-etre est-ce le succes potentiel de ce modele qui gene le maire de Marsac, maisiculteur et eleveur de porcs hors-sol ? Apres trois ans de negociation et de resistance, a vivre en caravane, Richard Wallner attaquera en justice la mairie a la fin du mois pour pouvoir mener son reve a bien et cultiver notre espoir d’une agriculture durable.
<http://www.novethic.fr/novethic/planete/environnement/agriculture/l_agriculture_sans_pesticides_derange_idees_recues.jsp>

Qui êtes-vous ?

paysan bio producteur de framboises biologiques. passionné par mon métier. mais gêné par le fait qu'il ne procure pas un revenu suffisant pour faire vivre correctement ma famille. c'est elle la priorité,donc je vais certainement changer de métier.