Audrey Chauvet
L'association Ciudad Saludable ne veut plus voir les dechets s'entasser dans les quartiers pauvres…
Lorsqu’elle est arrivee a Lima pour faire ses etudes, Albina Ruiz ne connaissait ni les dechets ni la pauvrete. Nee dans la jungle, elle a ete choquee par l’insalubrite de la capitale peruvienne: «C’etait tres difficile de passer tous les jours au milieu des dechets et des rats», se souvient-t-elle. Bien decidee a ameliorer la situation, elle a cree en 1986 une ONG, Ciudad Saludable («ville saine»), qui regroupe les recycleurs en micro-entreprises et leur permet d’augmenter la quantite de dechets recuperes ainsi que leurs revenus.
Albina est une des «heroines» de la serie «Artisans du changement» qui sera diffusee sur TV5
Monde au printemps.
De deux dollars par jour a dix dollars aujourd’hui
Le recyclage existait lorsqu’Albina est arrivee a Lima, mais il resultait surtout de l’abandon bidonvilles par la municipalite et de la recherche de petits revenus. Les habitants n’ayant pas les moyens de payer le service de collecte municipal, les dechets s’entassaient et des recycleurs amateurs y recuperaient ce qu’ils pouvaient pour le revendre a des intermediaires. Mais le resultat n’etait bon ni pour l’environnement, ni pour les recycleurs, souvent traques par la police ou les «petits chefs de decharge qui faisaient en sorte que tout le monde travaille pour eux».
«Avant, les recycleurs gagnaient, dans un bon jour, pas plus de deux dollars (1,5 euros). Maintenant qu’ils sont organises, leur benefice peut aller jusqu’a dix dollars (7,5 euros) par jour, voire plus s’ils ajoutent de la valeur a la matiere recuperee, par exemple s’ils coupent le plastique et le vendent en petits bouts», explique Albina Ruiz. Son secret: avoir reduit le travail des recycleurs en demandant aux habitants de trier leurs dechets et supprimer les intermediaires.
«Ils avaient besoin d’aide pour changer leur maniere de travailler, c’est-a-dire de formation, d’acces au credit pour acheter leur equipement, mais aussi de reconnaissance», raconte Albina Ruiz. C’est ce a quoi s’est employe Ciudad Saludable: les recycleurs ont pu se regrouper pour augmenter la quantite de dechets traitee, acheter des motos ou des camionnettes, et travailler dans de meilleures conditions d’hygiene.
Sept pays d’Amerique latine, l’Inde et bientot l’Afrique
Mais pour ameliorer le recyclage, il fallait aussi convaincre la population de trier ses dechets: «Quand on a commence a faire du porte a porte en disant "Il va falloir trier ", on me disait "La municipalite peut le faire, et pourquoi j’aiderais cette personne a avoir un emploi? "», se souvient Albina Ruiz.
Elle a alors trouve une motivation: un «bon vert» qui offre une reduction de 20% sur le cout de collecte des dechets (1 euro par mois) pour les gens qui adherent aux services de Ciudad Saludable.
Apres 25 ans d’existence, Ciudad Saludable opere dans soixante villes peruviennes et a aide pres de 200 personnes. «Ils se rendent compte qu’il y a des benefices sociaux, economiques et environnementaux. On utilise moins de ressources naturelles, et bien sur on diminue les montagnes de poubelle et on permet la creation de villes propres», se rejouit Albina Ruiz.
Au Perou, le principe a d’ailleurs ete soutenu par le nouveau ministere de l’environnement, et il pourrait bien s’etendre ailleurs: «Nous travaillons deja dans sept pays d’Amerique latine et en Inde. Cette annee, nous esperons arriver en Afrique», annonce Albina Ruiz.
2 commentaires:
Albina, je suis séduit par ton initiative et je voudrais moi aussi faire autant en Afrique.
Voici mon mail: kiyindou_cd@yahoo.fr
mon phone (00242)9879018
Je voudrai prendre contact avec toi pour te partager mon idée.
Thank you for sharinng this
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