j'ai une vision de la démocratie participative qui est peu partagée en France.
une démocratie participative non politisée (au sens non gérée par les partis politiques)mais avec des budgets réels
une démocratie participative qui redonnerait le goût de la vraie politique au peuple,à tout le peuple.
une démocratie participative qui donnerait l'ESPOIR à ceux qui ne l'ont plus, notemment les pauvres.
une démocratie participative qui rendrait la DIGNITE aux citoyens.
pour l'instant nos politiques l'utilisent comme un outil électoral au service de leur ambition personnelle,
les vrais partis de gauche veulent s'en servir sous forme de rapport de forces avec les 2 partis dominants.
j'espère que la lecture de ce qui se passe ailleurs permettra la réflexion de chacun
Chavisme et participation...
de Caracas, Marie Weis, Jérémie Choukroun et Erwan Joyeau
À travers la mise en place des conseils communaux, le Vénézuela prétend installer un nouveau rapport entre citoyens et politique, dépassant la médiation des collectivités locales. Révolution en marche ou démagogie ? Visite sur place, à Caracas.Avec la nouvelle constitution de 1999, dite bolivarienne, le Vénézuela entame une transition vers une démocratie participative. Les Vénézuéliens sont désormais invités à s’engager de manière directe dans la gestion des affaires publiques. Dans la pratique, le peuple ne participe sans doute pas plus aux hautes sphères de la nation : pour l’instant, c’est à l’échelle locale qu’a lieu le changement. La loi des " conseils communaux " (CC) de 2006 (voir encadré page 39) donne à la communauté le pouvoir et les moyens financiers d’assumer son développement. Cette autogestion communautaire constitue le cœur du nouveau programme du président Hugo Chavez. L’idée, à terme, est d’articuler les CC du local au national, pour constituer une nouvelle géométrie du pouvoir. Ce 8 juillet 2007, les vingt-huit CC du quartier de San Augustin, formés ou en cours de formation, ont rendez-vous pour échanger leurs expériences. San Augustin est un espace divisé entre des grands immeubles au nord, situés au cœur de Caracas, et un imposant barrio (bidonville) au sud, où s’entasse une population pauvre et longtemps délaissée. Les constructions anarchiques accrochées à flanc de collines n’ont jamais été planifiées. L’absence de voie de pénétration enclave le quartier qui manque, comme d’autres barrios de la ville, de canalisations d’eau, de collecte des déchets et de réseau électrique. Criminalité, chômage, problèmes de santé publique et d’alimentation sont la réalité d’une grande majorité de la population de Caracas, et contrastent brutalement avec l’opulence des beaux quartiers. Tout reste à apprendreAujourd’hui, environ deux cents personnes ont fait le déplacement pour cette rencontre qui est la première du genre. C’est bien, mais moins que prévu. Le peuple s’est en effet désintéressé de la politique après des années de désorganisation, de mépris et de clientélisme. D’ailleurs, les petits groupes qui arrivent peu à peu se plaignent tous : " Les gens sont apathiques ". Combien d’élections sont repoussées faute de présence, combien atteignent tout juste le quorum exigé ? Une économie pétrolière important massivement ses biens de consommation et l’influence de l’american way of life ont exacerbé l’individualisme. Réapprendre à construire ensemble, à se détacher de sa telenovela (série télévisée à l’eau de rose) pour affronter les réalités de la communauté est le plus ardu. La participation demande du temps, du dialogue, et ne tient pas du miracle. " Dans les mentalités, il s’agit de passer d’un fonctionnement vertical à un fonctionnement horizontal ", insiste Roche, un des organisateurs de la réunion. Comme des dizaines d’autres promoteurs des CC, il passe ses journées à sillonner les quartiers pour éveiller les consciences, motiver les communautés et apporter son expérience aux assemblées balbutiantes. Parfois, dans les rues étroites et encombrées de Caracas, assis, debout, ou à leurs balcons, les membres de la communauté se réunissent en masse pour élire leur conseil. Mais c’est loin d’être partout la règle : sur les vingt-huit CC de San Augustin, seuls huit sont formés. La loi est encore trop récente. D’ailleurs, un seul a pour l’instant obtenu de l’argent de la part de l’État. Le processus est en effet difficile : " Tous les CC connaissent des problèmes ", s’accordent à dire les participants. Tout reste à apprendre : animer une réunion, diagnostiquer, monter un projet, gérer un budget. Quelques ateliers de formation existent, mais ils ne sont pas systématiques. Du coup, les CC se cassent parfois les dents, au risque de démotiver la communauté. La communication est, de plus, un vrai défi pour empêcher qu’un fossé ne se creuse entre ceux qui s’impliquent et les autres. Appareil institutionnel court-circuitéAujourd’hui, tout le monde était invité, mais seules les personnes directement contactées sont venues. " Moyens de communication " est justement le thème d’une des tables rondes. Les idées fusent. " Faire un journal en ligne ", " passer à la télévision "… Ceux qui sont venus ne manquent pas de bonne volonté et sont avides d’échanger. Mais jusqu’à quand cette énergie bénévole va-t-elle se mobiliser ? La population peut-elle réellement se charger de toutes ces tâches qui, en Europe, seraient confiées aux collectivités ? Il faut comprendre que l’administration vénézuélienne a été totalement décrédibilisée par un long passé de corruption et d’inefficacité. Hugo Chavez court-circuite donc volontairement tout l’appareil institutionnel : les budgets votés par les CC sont accordés directement par la Commission présidentielle. Cela les dote d’une réelle efficacité, mais c’est également un outil de pouvoir terrifiant si, à l’avenir, le régime devenait autoritaire. Car, déjà, on redoute la politisation des CC. À l’une des tables, on s’emporte : " Le conseil, c’est pour tout le monde, chavistes ou opposants ! Ici, il n’y a que des gens qui œuvrent pour le bien de la communauté. " Mais il est vrai que Hugo Chavez reste le principal moteur du processus et ne cesse d’encourager le peuple… Démagogie ? Risque de manipulation présidentielle ? Possible. Et pourtant… Le pouvoir communal pourrait bien être le plus sûr garde-fou à une dérive autoritaire. Car, s’il y a bien une révolution au Venezuela, elle ne se cantonne pas à la redistribution des richesses, mais vise à l’émancipation des citoyens aux prises avec la pauvreté, le manque d’éducation et les carcans sociaux. Quelle surprise, au milieu des barrios, d’entendre citer la constitution de mémoire ! La culture, le droit et la politique sont descendus dans la rue ! Et cette révolution des consciences pourrait bien, elle, être irréversible. À 19 heures, les salles se vident d’âmes et s’emplissent de silence. Ingrid, promotrice et organisatrice de la réunion, conclut : " La dignité, personne ne nous l’enlevera plus. " Marie Weis, Jérémie Choukroun et Erwan Joyeau
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