10 Mars 2005
« La santé compte-t-elle vraiment face aux pratiques industrielles et agricoles ? »
Pour Yorgos Remvikos, les données scientifiques concernant les effets néfastes de la pollution sur notre santé existent désormais et sont alarmantes.
Deux exemples : des études relient directement la présence de polluants dans le sang de cordon et les pathologies retrouvées chez ces enfants ; les cancers testiculaires du jeune adulte augmentent de 3 à 5 % par an et peuvent être reliés aux pollutions oestrogéniques. C’est le devoir des scientifiques et des médecins de transmettre ces informations à la population. La société a d’autant plus intérêt à prendre en compte ces alertes et à rendre obligatoire des comportements plus sécuritaires que c’est elle qui paye par la suite les conséquences de la pollution. Aux Etats-Unis, explique Y. Remvikos, 300 à 600 000 enfants naissent avec un retard intellectuel dû à une forte exposition au mercure pendant la grossesse de leur mère et devront être pris en charge par des structures spécialisées et coûteuses.
L’application du principe de précaution par les industriels
Patricia Savin, juriste au cabinet Savin Martinet Associés, rappelle que le principe de précaution a d’abord été inscrit dans le traité de Maastricht. Il vient d’être ajouté (fin février) à la Constitution française via la charte de l’environnement, mais seulement après de longs affrontements au sein des deux commissions d’experts, l’une composée de juristes et l’autre de scientifiques. Patrick Levy, médecin conseil de l’Union de Industries Chimiques (UIC), souligne que les industries ont toujours mis en place les mesures sécuritaires adéquates lorsque la dangerosité d’une pratique avait été démontrée par des scientifiques. Thomas Joindot, Chef du bureau Pollution des sols et pollution radioactive à la Direction de la prévention des pollutions et des risques (DPPR, ministère de l’écologie et du développement durable), est chargé de l’encadrement des installations industrielles. Pour lui, le devoir de l’industrie est d’employer les techniques les plus « propres », et estime que c’est ce qu’elle s’applique à faire depuis quelques années. Cependant, Dorothée Benoit-Browaeys souligne qu’il est difficile de décider d’une limite à partir de laquelle on doit dénoncer une pratique et demander son interdiction.
Pour Jean-Charles Bocquet, Directeur général de l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), l’industrie tout comme chaque citoyen doit alors prendre les décisions de leur comportement environnemental en considérant la notion de « bénéfice/risque ».
La notion de risque ne doit prendre en compte que les données scientifiques disponibles à un temps t, et doit s’affranchir des peurs non fondées. Il donne ainsi un exemple où les politiques ont interdit l’utilisation d’un pesticide n’ayant pas été scientifiquement identifié comme toxique dans le seul but de répondre aux inquiétudes de la population. Cette mauvaise application du principe de précaution nous interroge sur le rôle de chacun dans la protection de notre santé environnementale (industriels, ONG, politique, citoyen...). Une présidente d’association s’indigne des publicités réalisées par les producteurs de pesticides qui encouragent les consommateurs à traiter leur jardin préventivement. Cette campagne publicitaire s’inscrit dans une optique de créer de nouveaux besoins parmi les consommateurs et va à l’encontre du principe de précaution. Jean-Charles Bocquet répond que l’industrie a pris conscience que le marketing est allé trop loin et qu’il doit désormais mieux communiquer. Pour prouver la nouvelle démarche écologique des industries chimiques, J.C. Bocquet insiste sur le fait que l’UIPP a développé une société de récupération des emballages ou produits périmés de sa propre initiative. Quels rôles le citoyen, l’industriel, le scientifique et le politique doivent-ils jouer dans la protection de la santé environnementale ? En réaction aux propos de Jean-Charles Bocquet, François Veillerette, président du mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF), souligne qu’il n’y a pas que les scientifiques qui peuvent intervenir dans la processus de décision. Les ONG et les associations ont un rôle important dans la transmission de l’information scientifique vers les politiques. Alors que pour François Veillerette, les ONG ont un rôle essentiel de porteur d’alerte, Jean-Charles Bocquet précise que les industriels de la chimie prennent en compte directement les remarques de leurs consommateurs. Pour ce dernier, les industriels intègrent les informations scientifiques et les préoccupations des citoyens dans le but de préserver la santé de tous. Patricia Savin ajoute que le citoyen a le devoir de s’impliquer dans le débat et de donner son avis pour faire évoluer la société vers le respect de la santé et de l’environnement. Ainsi, lors des discussions au sujet de la charte environnementale, le site du ministère avait ouvert une consultation national du citoyen. Les préoccupations et les suggestions enregistrées ont été prises en compte dans le débat. Le citoyen doit avoir une « démarche verte » dans son quotidien et cela même si cela nécessite plus de temps et d’argent (électricité, papier recyclable, mobilier...). De plus, une nouvelle loi sur le règlement économique impose aux entreprises d’introduire dans leur rapport d’activité des informations environnementales et sociales, que les actionnaires peuvent prendre en compte avant d’investir. L’évaluation du risque est un point de discorde important entre les industriels et les lanceurs d’alerte. Patrick Levy se réjouit de l’application de la réglementation REACH dès 2007. Ce projet de règlement est fortement approuvé par les industriels, devrait rendre les résultats des évaluations plus visibles et permettre une cohésion plus forte entre les différents acteurs de la politique de santé environnementale. Néanmoins, il existait déjà au sein des entreprises une démarche sécuritaire fondée sur la notion de dosage des produits chimiques, de seuils, d’information du consommateur par l’étiquetage. Cependant, la toxicité peut être le résultat de l’effet additif ou synergique de plusieurs substances chimiques non reconnues comme dangereuses aux doses utilisées. Même si les notions de « cocktails » de polluants ou bien de perturbateurs endocriniens sont acceptées par tous, il n’existe pas à l’heure actuelle de méthode efficace permettant d’évaluer leur toxicité. Le risque provoqué par l’industrie chimique serait alors sous-estimé ou mal évalué. Effectivement, Yorgos Remvikos rappelle que l’on peut soupçonner l’impact des perturbateurs endocriniens en observant que la fertilité masculine a baissé de 50 %. Il déplore que les industries ne travaillent pas plus dans la transparence et que les institutions telles que l’INvS (Institut national de veille sanitaire) ne communiquent pas plus les alertes. Jean-Emmanuel Gilbert, président de VigiCell, laboratoire privé de santé environnementale, énumère les critiques que l’on peut adresser à l’évaluation actuelle de la toxicité des substances chimiques. Tout d’abord, il existe un vrai problème de transposition du modèle expérimental (souris, lapin...) au modèle humain ; deuxièmement les études en laboratoire ne prennent pas en compte la complexité du milieu naturel (stress, âge de l’organisme...) ; troisièmement on cherche souvent à regarder si le produit possède une toxicité à fortes doses alors qu’elle ne peut apparaître que dans une fenêtre basse de concentrations. Ces études ne prennent pas en compte les cocktails de produits chimiques. Enfin, on peut se demander ce qu’est un effet biologique observé. On peut alors se poser la question de la pertinence des évaluations de risque. Thomas Joindot soulève le problème de l’existence de seuils arbitraires déterminés anciennement à partir de seuils techniques de détection qui sont aujourd’hui dépassés. La difficulté de la détermination d’une valeur seuil au-delà de laquelle le risque pour la santé est réelle est une véritable limite aux politiques de protection des risques. La recherche de solution pour palier cette insuffisance doit être une priorité. C’est à ce niveau que les politiques doivent s’investir pour faire progresser les réglementations en même temps que les avancées scientifiques. Conclusions Patrick Lévy dresse un tableau tout à fait optimiste car selon lui l’espérance de vie dans nos pays riches ne cesse d’augmenter, et la mortalité baisserait significativement sans le tabac et l’alcool. Cependant il admet que les cancers de l’enfant sont tout de même préoccupant et qu’il va falloir en trouver la cause. Thomas Joindot se montre lui aussi optimiste. L’établissement de bases de données d’émissions industrielles, par exemple, va permettre d’avoir des éléments de comparaison internationale qui auront tendance à tirer les modèles nationaux de gestion des risques industriels vers le haut. François veillerette s’inquiète que les décisions politiques soient plus dictées par les contraintes écologiques que monétaires et milite pour changer notre méthode de production agricole et nos comportements en général dans le but de préserver le plus possible notre environnement pour les générations futures. Patricia Savin souligne que les initiatives législatives doivent être soutenues par la société. Yorgos Remvikos rappelle que la « connaissance n’est pas la propriété de certains » mais celle de tous. Chaque acteur a un rôle à jouer dans la démarche de santé environnementale (consommation, agriculture, industrie) et doit appliquer à son niveau le principe de précaution. Les discutions experts / politiques ne doivent pas isoler le citoyen. Les modèles animaux ont une application assez limitée en évaluation et posent notamment un problème éthique dans l’optique d’évaluation à grande échelle (REACH). Il va falloir se tourner vers de nouvelles techniques reposant notamment sur des modèles cellulaires. Peut-être faudra-t-il aussi remplacer le modèle d’évaluation toxicologique par l’observation des effets biologiques (bioaccumulation dans l’organisme humain, biodégradation dans les sols...).
Blog sur la production de framboises biologiques avec une méthode utilisant les "mauvaises herbes" comme engrais-paillage. la technique est une amélioraion du BRF:"Bois,Rameaux Fragmentés". elle nécéssite très peu de matériel donc très peu d'investissement; elle ne nécéssite pas non plus de travail de force style bêchage ou passage de motoculteur. en double-cliquant sur les photos,vous verrez mieux les détails. pour laisser un commentaire, choisir l'identité anonyme.
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