Blog sur la production de framboises biologiques avec une méthode utilisant les "mauvaises herbes" comme engrais-paillage. la technique est une amélioraion du BRF:"Bois,Rameaux Fragmentés". elle nécéssite très peu de matériel donc très peu d'investissement; elle ne nécéssite pas non plus de travail de force style bêchage ou passage de motoculteur. en double-cliquant sur les photos,vous verrez mieux les détails. pour laisser un commentaire, choisir l'identité anonyme.

vendredi 30 novembre 2007

le BOUM DE LA PAUVRETE dû au réchauffement climatique

L’ONU prevoit un «boom» de la pauvrete du au climat, Le Figaro, 27/11/07
Lamia Oualalou

Dans son rapport annuel, l’organisation explique que le rechauffement climatique peut entrainer les populations des pays en voie de developpement dans «une marche arriere irrattrapable».
Rio de Janeiro
A quelques semaines de la reunion de Bali, ou le monde s’est donne rendez-vous pour donner une suite aux accords de Kyoto contre le rechauffement climatique, l’ONU lance un cri d’alarme dans son rapport annuel sur le developpement humain. «Pour la premiere fois de l’histoire, nous devrions assister a un boom de la pauvrete dans le monde, une evolution d’autant plus desolante que la situation des plus demunis allait en s’ameliorant ces quinze dernieres annees», a explique hier Kevin Watkins lors du lancement du rapport, au Bresil.
Si le rechauffement climatique concerne toute la planete, il a deja commence a frapper les 2,6 milliards de personnes qui vivent sous le seuil de pauvrete, soit avec moins de 2 dollars par jour.
Le rapport estime ainsi qu’entre 2000 et 2004, sur les 262 millions de personnes par an qui ont ete affectees par des desastres climatiques, 98 % habitent dans des pays en voie de developpement.
Et sur elles l’impact de telles catastrophes est beaucoup plus durable.
Sans acces a un systeme d’assurance formel, les plus pauvres mettent en place des strategies de resistance dommageables au developpement.
«Face a la catastrophe, ils eliminent des repas, reduisent les depenses de sante et retirent les enfants de l’ecole. C’est une marche en arriere irrattrapable», souligne Kevin Watkins.
Le rapport identifie cinq mecanismes a travers lesquels le changement climatique peut stopper, voire faire reculer le developpement humain. La production agricole, d’abord : les zones touchees par la secheresse en Afrique subsaharienne devraient, par exemple, augmenter de 60 a 90 millions d’hectares et les zones arides subir des pertes de 26 milliards de dollars americains d’ici a 2060, plus que l’aide bilaterale versee en 2005.
La rarefaction d’eau devrait, elle, concerner 1,8 milliard de personnes supplementaires d’ici a 2080, en particulier en Asie centrale, en Chine du Nord ou dans les Andes latino-americaines. Quant a la hausse du niveau des mers, elle met en peril plus de 70 millions de personnes vivant au Bangladesh, 6 millions en Basse-Egypte et 22 millions au Vietnam, sans parler de la multiplication des tempetes tropicales consequentes.
Grandes pandemies
Vient ensuite le bouleversement de la biodiversite : un rechauffement de 3 °C menacerait d’extinction 20 a 30 % des especes terrestres, privant de nourriture des populations rurales.
Enfin, le rapport souligne la degradation de la sante publique, avec le surgissement de grandes pandemies. Le paludisme, qui tue deja un million de personnes par an, pourrait en frapper quelque 400 millions d’autres, alors que la dengue, stimulee par le changement climatique, revient en force en Amerique latine et en Asie de l’Est.

Le prix paye par les plus pauvres est d’autant plus injuste que leur responsabilite face au rechauffement climatique est faible.

Au Canada, un habitant emet en moyenne 20 tonnes de carbone par an, contre 0,1 tonne pour un Ethiopien.
<http://www.lefigaro.fr/international/2007/11/28/01003-20071128ARTFIG00041-lonu-prevoit-un-boomde-la-pauvretedu-au-climat-.php>

mercredi 28 novembre 2007

et s'ils arrêtaient de nous mentir?

Et s’ils arrêtaient de mentir ?
Publié le 27 novembre 2007
Le texte qui suit fait honneur à ceux qui l’ont écrit, et à celui qui l’a traduit pour nous tous, Christian Berdot, des Amis de la Terre, que je remercie avec chaleur. Il s’agit d’une étude remarquable sur le lobby européen en faveur des agrocarburants. Réalisé par le Corporate European Observer, il dit davantage de choses vraies que tous les journaux français réunis.
Certes, il est long. Mais il faut le considérer comme un document, à imprimer, à faire circuler, à conserver bien sûr. Il servira de butte témoin, on pourra à tout instant s’y référer et dire : voyez, ceux qui prétendent qu’on ne savait pas se trompent et nous trompent. La vérité n’est pas ailleurs, elle est ici, sous nos yeux. Et elle est terrible, c’est entendu. Pour ce qui me concerne, je préfère la regarder en face.
Fabrice Nicolino

Agrocarburants : qui pousse derrière ? La politique de l’Union Européenne au service des multinationales
Malgré l’inquiétude grandissante de l’opinion publique sur les risques associés aux agrocarburants, l’Union Européenne met tout son poids dans la balance, pour promouvoir ces cultures aux effets souvent très néfastes. En mars 2007, il était même proposé de fixer des objectifs d’augmentation du taux d’agrocarburants dans tous les carburants destinés aux transports automobiles jusqu’à 10% en 2020. La Commission prévoit aussi de canaliser de grandes quantités de financements d’argent public de l’UE vers la recherche et le développement des projets d’agrocarburants.(1) Voir les rapports des Amis de la Terre : « Ethanol de maïs : spéculation et famine » : http://www.amisdelaterre.org/Ethanol-de-mais-speculation-et.html ; « Agrocarburants : une catastrophe écologique et sociale programmée » : http://www.amisdelaterre.org/Agrocarburants-une-catastrophe.html; « Biocarburants : pire que des énergies fossiles » : http://www.amisdelaterre.org/Biocarburants-pires-que-des.html(2). Le CEO est un groupe de jeunes chercheurs basés à Amsterdam. Leur seul livre traduit en français est : « Europe Inc : Comment les multinationales construisent l’Europe et l’économie mondiale » Agone 2005, 2 ème édition revue et augmentée. A lire absolument. Le CEO est affilié à la fédération des Amis de la Terre/Friends of the Earth Europe. Vous pouvez en savoir plus en allant sur leur site : http://www.corporateeurope.org/(3) Nous employons le terme agrocarburants car celui de biocarburant a une connotation écologique trompeuse. Nous avons gardé le terme biocarburants dans les noms des documents officiels cités.
La folie des agrocarburants de l’UE a été influencée par le lobbying très actif en faveur d’intérêts industriels tels que ceux des constructeurs automobiles, des compagnies de biotechnologies et de l’industrie pétrolière. Ces industries ont forgé de nouvelles alliances entre elles. Ces dernières années, elles ont été invitées par la Commission européenne à mettre en forme la politique de l’Union sur les agrocarburants par l’intermédiaire de plusieurs commissions dominées par les industriels. On compte parmi elles, le Comité Consultatif sur la Recherche pour les Biocarburants ( Advisory Research Council for Biofuels ou BIOFRAC), CARS21 et plus récemment, la Plateforme technologique Européenne sur les Biocarburants, (European Biofuels Technology Platform ou EBFTP).
Ces conseils à sens unique ont des conséquences d’une grande portée. La façon dont l’UE s’attaque au problème fondamental de la réduction des émissions de CO2 provenant du transport routier, en est affectée. En outre, cette pseudo solution – les agrocarburants - menace non seulement d’aggraver les problèmes qu’elle est censée résoudre - les changements climatiques – mais va aussi provoquer toute une série de nouvelles situations de précarité et de destructions. On ne pouvait pas faire un choix plus éloigné d’une politique efficace ayant pour but d’économiser l’énergie et réduire la consommation.
Le Conseil des ministres de ce printemps les 8 et 9 mars 2007 proposait comme élément d’un paquet énergie plus large, un objectif obligatoire de 10% d’agrocarburants utilisés dans tous les carburants pour le transport routier d’ici 2020. C’est-à-dire, presque le doublement du taux actuel non obligatoire de 5,75% d’ici 2010. Cette proposition était présentée comme une mesure majeure pour lutter contre les changements climatiques.
Pourtant, si on regarde de plus près les agrocarburants, on découvre un spectacle de désolation, une prétendue solution accompagnée d’une nuée de problèmes :
- Les agrocarburants sont en concurrence avec l’alimentation pour les ressources agricoles et leur expansion a déjà provoqué l’augmentation des prix alimentaires, ce qui menace directement la sécurité alimentaire des communautés les plus pauvres de la planète ;- Ils augmentent la demande en terres, ce qui provoque notamment un accroissement de la déforestation ;- Ils sont cultivés dans d’immenses exploitations qui font de la monoculture à l’aide de l’usage massif d’engrais et de pesticides et dans de nombreux cas avec en plus, le risque de contamination génétique ;- Enfin, ils menacent les droits fonciers des communautés rurales car le développement des agrocarburants s’accompagne de plans d’expansions des monocultures qui sont en grande partie contrôlées par des multinationales ou de grands propriétaires fonciers fortunés. Un peu partout dans les pays du Sud, les petits paysans et les communautés indigènes voient leurs Droits Humains menacés en étant expulsés de leurs terres ou en devant faire face à de mauvaises conditions de travail ou à des conflits fonciers ;
Et comme si la coupe n’était pas déjà pleine, les preuves s’accumulent qu’en plus les agrocarburants ne font qu’aggraver et non pas atténuer les changements climatiques.
Est-ce que la Commission était au courant de ces faits avant de soutenir les agrocarburants par toute une série de mesures politiques ? Apparemment oui, comme le montre l’étude d‘impact officielle de la Commission, bouclée en 2006 (4) Le document évoque par exemple le fait qu’ « une utilisation accrue des biocarburants dans l’UE s’accompagnera par une demande externe accrue de biocarburants et des matières premières dont ils dépendent, ce qui vraisemblablement aura des conséquences diverses sur les pays en voie de développement. (…) De plus, lorsqu’on laboure des zones herbeuses ou que l’on coupe des forêts, des quantités importantes de CO2 sont relâchées. On peut s’attendre à ce que ces émissions de CO2 dépassent pour de nombreuses années, les gains obtenus par les biocarburants ». Il est clairement affirmé aussi que « les pressions sur des écosystèmes sensibles vont augmenter, notamment sur les forêts primaires où des millions d’hectares pourraient être transformés en plantations ». Ce document reconnaît parmi les conséquences sociales, la concurrence avec la nourriture, une augmentation des prix alimentaires qui pourrait frapper les pauvres des pays en voie de développement et les pressions sur des communautés vulnérables (pour les déplacer ou les obliger à adapter de force leur mode de vie).
La politique de la Commission n’a pas été menée dans le souci de lutter contre les changements climatiques. Elle n’a cherché qu’à garantir l’approvisionnement énergétique de l’UE et à servir les intérêts des grands agriculteurs et de l’agrobusiness ainsi que ceux des secteurs industriels de l’automobile, des biotechnologies et du pétrole qui veulent tous voir le maintien du statu quo existant. Pour cela, la Commission a permis à ces groupes industriels
(4) Le texte original comprend beaucoup de notes qui se rapportent à des documents pour leur majorité, écrits en anglais. Pour les personnes intéressées, voir directement le site du CEO : http://www.corporateeurope.org/agrofuelfolly.html .de participer au dialogue politique et de définir les objectifs politiques en mettant sur pied des groupes consultatifs favorables aux industriels.

Industrie : on n’est jamais mieux conseillés que par soi-même
Le Comité Consultatif de la Recherche sur les Biocarburants (BIOFRAC) a été créé par la Direction Générale (DG) Recherche au début de 2005. Un « groupe d’experts de haut niveau, représentant un large éventail des différents secteurs de la chaîne des biocarburants » fut invité « à développer un rapport prospectif – une vision pour les biocarburants jusqu’à 2030 et au-delà - pour permettre une percée des biocarburants et accroître leur déploiement dans l’UE ». En plus de ce « rapport prospectif », la Commission invita aussi le BIOFRAC à préparer le terrain pour « l’Agenda Stratégique de la Recherche » et à fournir de nombreuses suggestions pour le 7ème Programme cadre de la recherche (FP7), l’outil principal de l’UE pour financer la recherche de 2007 à 2013.
La composition du BIOFRAC (aujourd’hui dissous) n’était pas équilibrée mais au contraire dominée par les représentants des intérêts industriels. L’industrie automobile était représentée par 4 membres ; le pétrole par 3 ; les agrocarburants par 3 et les biotechnologies par le groupe de pression EuropaBio. Le groupe était complété par 1 personne de l’industrie alimentaire, 1 représentant d’une compagnie forestière, 1 autre d’une compagnie énergétique, 1 agriculteur et 8 personnes venant de centres de recherches ou d’universités dont certaines, avec des liens très étroits avec l’industrie du pétrole ou celle des biotechnologies. D’après la Commission, les participants ont été choisis en tant qu’individus sur la base de leurs connaissances et de leur expertise et non pas en tant que représentants de leurs organisations. Il n’est pas déraisonnable de penser cependant que leur rôle et leurs réflexions puissent refléter celles des entreprises ou organisations pour lesquelles ils travaillent. Le parti pris pro-industrie du BIOFRAC se retrouve en effet, clairement dans le rapport final publié en 2006, intitulé « Biocarburants dans l’Union Européenne. Une vision pour 2030 et au-delà ». Le rapport est maintenant un document officiel de la Commission.

« Les biocarburants dans l’Union européenne. Une vision pour 2030 et au-delà »« VISION. En 2030, l’Union européenne arrive à couvrir un quart de ses besoins en carburants pour les transports routiers, grâce à des biocarburants propres et efficaces sur le plan du CO2. Une partie substantielle est fournie par une industrie européenne compétitive. Cela diminue de façon significative l’indépendance de l’UE par rapport aux carburants fossiles ; cela crée des opportunités pour les fournisseurs de biomasse, les producteurs de biocarburants et l’industrie automobile ».
Membres du comité consultatif de recherche sur les agrocarburants (BIOFRAC)(Liste telle qu’elle apparaît le jour de la publication de ce Rapport d’une Vision)
Anders Roj, Président, Volvo Technology CorporationOlivier Appert, Vice-président, (suppléant : Alexandre Rojey) Institut Français du PétroleJavier Salgado, Vice-président, (suppléant : Ricardo Arjona) Abengoa Bioenergy
Olivier Alexandre, TotalMichel Baumgartner, British SugarGerard Belot, (suppléante : Béatrice Perrier Maurer) PSA Peugeot CitroënDirk Carrez, EuropaBio (biotechnologies)Matthias Rudloff, (suppléant : Michael Deutmeyer) CHORENAnn-Britt Edfast, SVEASKOG (forêt)Hartmut Heinrich, (suppléant : Frank Seyfried) Volkswagen AGRaffaello Garofalo, European Biodiesel BoardDietrich Klein, COPA-COGECA (agriculteurs)Darran Messenm, SHELLCalliope Panoutsou, CRESKimmo Rahkamo, (suppléant : Ari Juva) Neste Oil CorporationMeinrad Signer, Iveco PowertrainRene Van Ree, ECNGuy Riba, (suppléant : Ghislain Gosse) INRALiisa Viikari, VTT Biotechnology
Eckhard Weidner, Fraunhofer UMSICHTArthur Wellinger, Nova EnergieGrzegorz Wischniewski, (suppléante : Magdalena Rogulska) EC-BRECGuido Zacchi, Lund University
C’est cette ambition énorme - satisfaire 25% des besoins en carburants pour les transports automobiles d’ici 2030 - qui ressort avant tout de ce rapport. A part cela, le rapport fait une promotion appuyée des agrocarburants de seconde génération. D’une façon générale, ils ont pour objectif d’améliorer les performances, généralement en utilisant l’ensemble de la plante, améliorant en cela le bilan CO2 et les coûts. D’après le BIOFRAC, cette seconde génération d’agrocarburants sera produite à partir d’un éventail plus large de matières premières, réduira la concurrence pour la terre avec l’alimentation, permettra de diminuer les coûts et « d’économiser » du CO2. Pour conclure, le rapport recommandait la mise en place d’une Plateforme Technologique des Agrocarburants qui coordonnerait tout le travail de la Commission sur les agrocarburants et « fournirait une base analytique commune pour assister tous les services de la Commission, concernés (DG Recherche, Energie et Transports, Commerce, Relations Extérieures, Agriculture et Développement Rural, Environnement et Finances) ».
Le 7 juin 2007, une fois son travail accompli, le BIOFRAC fut dissout. Le même jour, et toujours dans la lignée des recommandations du Rapport d’une « Vision pour les Biocarburants », un comité directeur de la Plateforme Européenne pour les Technologies des Biocarburants (EBFTP) était nommé et la nouvelle Plateforme était lancée officiellement le même jour, à Paris. La mission de cette Plateforme est de « contribuer au développement de technologies de niveau international et compétitives sur le plan des coûts, à la création d’une industrie solide des agrocarburants et à accélérer le déploiement des agrocarburants dans l’Union européenne grâce à un processus de guidage, de définition des priorités, et de promotion de la recherche, du développement et de la démonstration pratique ».
Un des rôles clés de la Plateforme est l’élaboration de l’Agenda Stratégique de Recherche (SRA) sur les agrocarburants, en clair, identifier les secteurs-clés de la recherche pour les dix années à venir afin de réussir la Vision 2030 définie par le BIOFRAC. D’après la Plateforme, son objectif principal est de mettre en pratique les principales propositions esquissées dans la Vision du BIOFRAC. La Commission paye le secrétariat ce qui inclue le financement du site internet, les coûts généraux d’administration et l’organisation des réunions plénières des parties prenantes.
La Plateforme est composée de 5 groupes de travail et d’un comité directeur. Quelques mois avant le lancement de la Plateforme, la Commission invitait les personnes intéressées à « exprimer leur intérêt pour une candidature pour le comité directeur et les groupes de travail » de la Plateforme annonçant que ce serait « ouvert à la participation active de toutes les parties prenantes ». La Plateforme fut promue comme un moyen de « rassembler au niveau européen, les institutions de recherche, les entreprises, les ONG, les groupes financiers et les autorités de contrôles ». Pourtant, la composition actuelle de la Plateforme est fortement dominée par l’industrie. Le Bureau Européen de l’Environnement (BEE) s’était plaint de la composition du Comité Directeur de la Plateforme, mais sa plainte est restée sans réponse.
Malgré les beaux discours sur l’ouverture et la participation, dès le début le choix des membres fut une supercherie. Pour commencer, les membres du comité directeur furent sélectionnés par le président de BIOFRAC (Anders Roj de Volvo) et les 2 vice-présidents (Olivier Appert de l’Institut Français du Pétrole et le PDG d’Abengoa, Javier Salgado), en consultation avec la Commission. Le comité directeur qui en résulte, est totalement dominé par les industries. Comme pour le BIOFRAC, les industries automobiles et pétrolières sont très bien représentées dans le comité directeur avec trois membres chacune. Il faut y rajouter un représentant des agriculteurs et quatre personnes représentant des centres de recherches ou des universités. Le comité directeur est présidé par Luis Cabra de la compagnie pétrolière Repsol YPF avec Roj et Appert comme vice-président. Pas une seule organisation de la société civile n’y est représentée.
A l’échelon inférieur, les 5 groupes de travail sont aussi très largement dominés par des représentants de l’industrie et des centres de recherches. Malgré les promesses d’une représentation multiple des parties prenantes, il est clair maintenant que ce manque de représentativité est un choix délibéré. Dans le bulletin de la Plateforme, on peut lire que « un équilibre adéquat entre industrie et centres publics ou de recherche fut établi afin de préserver la Plateforme en tant que groupe guidé par l’industrie » (souligné par le rédacteur). Plus de 300 personnes ont demandé à participer aux groupes de travail. En fait, avec un maximum de 25 personnes par groupe de travail, plus de la moitié des candidatures furent rejetées. Finalement, on ne retrouve que 2 représentants d’ONG sur les 125 membres des groupes de travail. Le secrétariat a refusé de donner la liste initiale des 300 candidats et l’Observatoire Européen de l’Industrie attend toujours les détails qu’on lui a promis, sur l’historique de ce choix.
La Commission s’est assurée que les mêmes compagnies qui avaient rédigé la « Vision de l’Union européenne pour les biocarburants » par l’intermédiaire de BIOFRAC, puissent maintenant réaliser ses recommandations et définir l’agenda des recherches et du développement des agrocarburants. Ce sont en plus des compagnies qui ont des intérêts commerciaux directs dans le développement des agrocarburants dans l’Union européenne. Le processus décrit ici montre comment ils se préparent à définir l’agenda de recherche stratégique dans ce secteur et main dans la main avec la Commission à décider de l’allocation des fonds de recherches et de développement pour les 10 années à venir.
Ce mode de fonctionnement alliant recherches stratégiques et politique n’est pas particulier aux agrocarburants. La Commission crée de nombreuses Plateformes Technologiques dans des secteurs très variés, parlant d’elles comme « prouvant qu’elles sont des acteurs puissants dans le développement de la politique de recherche de l’UE en particulier dans l’orientation du 7ème Programme cadre de recherche pour mieux satisfaire les besoins de l’industrie ». On trouve d’autres Plateformes technologiques, dominées aussi par l’industrie, qui s’occupent également des agrocarburants comme les plateformes Suschem (sustainable chemie ou chimie soutenable), Food for Life (Nourriture pour la Vie), Plants for the Future (biotechnologies) et Forêts.
Il est absolument nécessaire qu’un large débat public au niveau européen ait lieu et porte sur les risques inhérents aux agrocarburants et ce qu’ils apportent réellement dans la lutte contre les problèmes qu’ils sont censés affronter. Ce débat doit inclure plus de parties prenantes notamment les populations directement touchées dans les pays du Sud. Il est totalement antidémocratique que des politiques de l’UE puissent être déterminées au travers de programmes de recherches et de développement façonnés par des acteurs industriels qui, non seulement reçoivent de l’argent public mais de plus ont des intérêts directs dans les résultats de ces programmes. Cette façon de procéder doit être vigoureusement remise en cause.
Huiler les rouagesLes industries de l’automobile, des biotechnologies et du pétrole sont les plus impliquées dans la conception de la politique de recherche de l’UE dans les agroarburants et elles ont toutes leurs raisons propres de poursuivre l’expansion de ceux-ci.
Les fabricants de voitures, comme Volvo ou Volkswagen, se font les avocats des agrocarburants dans le cadre d’une stratégie plus large cherchant à éviter un abaissement des normes d’émissions de CO2 pour les voitures particulières. Ils ont fait des agrocarburants, la solution pour réduire les émissions de CO2. Dans le courant de l’année, avant certaines des décisions politiques décrites dans ce rapport, la Commission voulait imposer des normes obligatoires d’efficacité pour les voitures particulières, qui auraient contraint à une réduction des émissions de CO2. En réponse, les fabricants de voitures ont lancé une campagne très lourde de lobbying et réussi à affaiblir les objectifs de réduction de leur moyenne prévue de 120g de CO2 par km, en obtenant 130g/km. De plus, cette différence peut être compensée par d’autres prétendues mesures de réduction du CO2 comme l’utilisation d’agrocarburants.

Alimenter le changement climatiqueLe transport routier représente 30% de la consommation d’énergie de l’UE et dépend pour 98% des énergies fossiles. On considère que l’augmentation du secteur routier est une des raisons principales pour lesquelles l’UE n’atteindra pas les objectifs du protocole de Kyoto. On s’attend à ce que 90% de l’accroissement des émissions de CO2 entre 1990 et 2010 soient dues aux transports. Bien que l’impact des transports routiers sur le bilan global des émissions de gaz à effet de serre soit énorme et malgré la menace que cela représente pour les climats, la Commission européenne ne fait pas porter les efforts nécessaires sur la réduction des transports. Les tendances actuelles montrent au contraire que les transports routiers de marchandises et les déplacements des personnes en véhicules particuliers sont en augmentation.
Le rôle de lobby de l’industrie automobile est bien illustré par Volvo. Roj Anders de Volvo a présidé le BIOFRAC et est maintenant vice-président du comité directeur de la Plateforme sur les Agrocarburants. Volvo affirme son soutien à un objectif de réduction des gaz à effet de serre de 30% d’ici 2020 pour les pays développés. Pourtant, dans le même temps, la firme n’hésite pas à fragiliser l’économie de l’UE en menaçant de délocaliser : « la compétitivité en particulier des industries à forts besoins énergétiques doit être suivie afin d’éviter une possible délocalisation de l’UE vers des pays tiers ». Elle soutient aussi un objectif obligatoire de 10% d’agrocarburants sur les carburants de tous les véhicules d’ici 2020. Cette une stratégie commune chez les grandes entreprises : d’un côté, elles font semblant de soutenir des mesures environnementales, tandis que de l’autre, elles préviennent que si ces mesures affectent leurs bénéfices (ce qui serait le cas si l’action des gouvernements était efficace), elles vont quitter l’Europe, amenant avec elles les emplois.
L’industrie automobile a aussi influencé le débat sur les agrocarburants par l’intermédiaire du CARS21, un autre groupe consultatif de haut niveau, mis en place en 2005 à l’initiative du commissaire à l’industrie Verheugen. Le CARS21 qui a joué un rôle crucial dans la bataille au sein de l’UE sur les normes d’efficacité obligatoires pour les véhicules, soutient fortement les agrocarburants.
La plupart des groupes automobiles européens sont impliqués dans des partenariats avec des compagnies pétrolières ou de biotechnologies pour développer des agrocarburants de seconde génération. Le nombre de ces alliances ne fait qu’augmenter et reflète bien un intérêt commun dans le développement des agrocarburants. Par exemple, en mars 2006, les fabricants européens DaimlerChrysler, Renault et Volkswagen formèrent avec les compagnies pétrolières Sasol Chevron et Shell « l’Alliance pour les carburants synthétiques en Europe » (ASFE). Cette alliance a aussi attiré le soutien politique du commissaire Verheugen venu lors du lancement de ce nouveau groupe. Dans son discours, il souligna combien, au niveau politique, ce travail devait être soutenu avec « les bonnes conditions d’encadrement pour aider à préparer le terrain de la commercialisation des carburants alternatifs et garantir leur accès aux consommateurs ».
Cette forte implication des grandes compagnies du pétrole dans le domaine des agrocarburants, y compris dans les infrastructures et les carburants de seconde génération est relativement nouvelle. Le soutien des gouvernements - avec des objectifs obligatoires, des subventions et d’autres incitations - sont une raison de l’intérêt croissant des compagnies pétrolières. De plus, une utilisation accrue des agrocarburants prolongera la dépendance actuelle des systèmes de transport vis-à-vis des carburants liquides de type pétrole, ce qui en retour permetta aux compagnies pétrolières de continuer leurs affaires lucratives, tout en gardant le contrôle sur la transition vers l’après-pétrole.
Des alliances se forment pour former des plateformes communes de lobbying politique (comme celle citée plus haut) ainsi que des partenariats dans la recherche appliquée et le développement. Ces derniers sont en forte augmentation et sont sujets à de fortes controverses et démontrent clairement la convergence de ces secteurs industriels énormes, dans le secteur des agrocarburants
- Shell qui affirme être le plus grand distributeur mondial d’agrocarburants pour les transports s’est associé à Iogen, une compagnie canadienne de biotechnologies, pour fabriquer à l’aide d’enzymes, de l’éthanol à partir de la cellulose de la paille.
- En 2006, Shell, Iogen et Volkswagen se sont alliés dans un projet d’éthanol à base de cellulose en Allemagne. La firme allemande d’agrocarburants, CHOREN Industries, travaille avec DaimlerChrysler, Volkswagen, et Shell au sein de SunDiesel à un carburant synthétique ou Biomass to Liquid (BTL).
- Depuis 2003, le géant européen des pétroles BP a travaillé avec la compagnie de biotechnologies DuPont dans un projet d’agrobutanol. L’agrobutanol est déjà produit en utilisant des technologies existantes. Mais les recherches de BP avec Dupont explorent de nouveaux procédés biotechnologiques pour en réduire les coûts ; Ford et British Sugar travaillent aussi avec ces deux compagnies sur cet agrocarburant.
- Les accords de partenariat extrêmement controversés que BP - qui contrôle actuellement 10% du marché global des agrocarburants - a passés dernièrement, ont fait la une des journaux. En février BP a signé un contrat de 500 millions de dollars avec l’Université de Berkeley (Californie) et ses partenaires (l’Université de l’Illinois, Urbana-Champaign, et le Laboratoire Lawrence Berkeley National Laboratory). Il s’agit de créer l’Institut des Biosciences de l’Energie qui abritera 50 membres du personnel de BP et deux campus. L’essentiel du travail de recherche se concentrera sur l’usage des biotechnologies pour produire des plantes pour les agrocarburants. Le contrat a été très critiqué au sein de l’Université de Berkeley à cause d’une part, du manque de consultation dont se sont plaints des membres de la faculté et d’autre part, des conflits d’intérêts touchant la majorité de l’élite de l’Université impliquée dans cette décision.

Biotechnologies : le retour !Le principal groupe de pression européen pour les biotechnologies, EuropaBio, était membre du BIOFRAC et est aussi un membre actif de la Plateforme des Agrocarburants (EBFTP). Comme l’explique son secrétaire général, Johan Vanhamelrijck, « Nous travaillé dur pour établir d’excellentes relations avec la Commission et notre engagement étroit dans la nouvelle Plateforme sur les Agrocarburants est un des fruits de ce travail ».
L’industrie biotech espère surmonter la résistance farouche de l’opinion publique contre les plantes GM, en développant des plantes « améliorées » pour la production d’agrocarburants. L’inquiétude croissante de l’opinion vis-à-vis des changements climatiques et l’image encore verte attachée au développement des agrocarburants pourraient sortir les biotechnologies de l’ornière en leur offrant plus de succès de communication que par le passé. Les plantes génétiquement modifiées qui sont rejetées dans les aliments, pourraient être plus acceptables pour l’opinion si elles fournissent le carburant des voitures individuelles, d’une façon présentée comme « bonne pour l’environnement ». La communication d’EuropaBio reflète ce nouveau discours : les biotechnologies protègent l’environnement, vont entraîner une expansion de l’économie mondiale, augmenter la richesse tout en diminuant l’empreinte écologique des humains, réduire l’indépendance par rapport aux importations de pétrole et fournir des revenus aux agriculteurs. Leur nouvelle formule magique est « l’économie basée sur les agrocarburants », « une expression qui résume notre vision d’une société future qui n’est plus totalement dépendante des carburants fossiles pour son énergie, ni des matières premières industrielles… Le monde entier est en train de passer de l’Age de la Chimie à l’Age des Biotechnologies ».
Pourtant, une expansion importante des agrocarburants aggravera encore les effets négatifs qui découlent de la monoculture à grande échelle de plantes génétiquement modifiées. La contamination génétique ne fera que s’amplifier et devenir plus complexe lorsque des plantes seront modifiées génétiquement pour contenir des traits génétiques destinés à des usages non alimentaires. Actuellement, les plantes GM sont essentiellement destinées à l’alimentation animale. Ce sont les mêmes compagnies qui contrôlent ces plantes et les intrants dans l’alimentation animale, qui s’apprêtent à bénéficier de leur usage comme agrocarburants.
D’après le professeur de Berkeley, Miguel Altieri et Eric Holt-Gimenez PDG de Food First, le calendrier des agrocarburants offre aux compagnies de biotechnologies comme Monsanto « la possibilité de convertir de façon irréversible l’agriculture en plantes génétiquement modifiées. Actuellement 52% du maïs, 89% du soja, et 50% du colza aux Etats-Unis sont modifiés génétiquement ». Pour eux, « l’expansion du maïs modifié spécialement pour être transformé en éthanol va faire disparaître toutes les barrières pratiques qui empêchaient la contamination permanente de toutes les plantes non OGM ».
Dans l’Union européenne, la résistance des citoyens a, dans une grande mesure, empêché l’introduction des plantes GM. Avec les agrocarburants, les industries biotech vont essayer de forcer à nouveau la porte en présentant les plantes GM non pas comme des plantes alimentaires, mais comme des plantes énergétiques, même si le risque de contamination des plantes non-OGM, demeure tout autant. Syngenta, par exemple, a fait une demande en Europe pour obtenir l’autorisation d’importer un type de maïs GM, appelé Evénement 3272, spécialement conçu pour l’éthanol. Ce maïs aide à sa propre transformation en éthanol en développant un enzyme spécial qui brise l’amidon en molécules de sucre plus simples, facilitant ainsi la transformation de l’amidon en alcool. Par contre, ce maïs contient un gène marqueur dérivé de E. Coli. Plusieurs organisations faisant campagne sur les agrocarburants ont publié récemment un document intitulé « Agrocarburants : la réalité sur neuf points clés » qui explique comment les demandes d’importations de ce maïs dans l’UE et l’Afrique du Sud montre que l’on s’attend à ce que l’alimentation tant humaine qu’animale soit contaminée, étant donné que Syngenta a aussi demandé des autorisations pour ces deux utilisations.
Les agrocarburants augmentent déjà les profits de l’industrie des biotechnologies et la compétition bat son plein pour de nouvelles plantes énergétiques GM. Les revenus annuels provenant du marché mondial des agrocarburants que DuPont annonce, proviennent largement de l’apport de l’agriculture pour l’éthanol et s’élèvent à 300 millions de dollars. En février dernier, la compagnie a annoncé un plan de réinvestissement de 100 millions de dollars pour diminuer le temps d’accès au marché pour les nouveaux produits de semences de sa filiale Pioneer. D’après Bill Niebur, le vice-président chargé de la recherche génétique et du développement « Avec la demande en éthanol, c’est la course pour rapidement booster les rendements en céréales ». Monsanto aussi est en course. Le n°1 mondial pour le développement de semences génétiquement modifiées a récemment annoncé des profits record à cause de la demande croissante en éthanol. Monsanto va booster sa capacité de production de semences cette année et prévoit de dépenser 500 millions de dollars pour satisfaire la demande croissante en semence de maïs. Les industries des biotechnologies investissent aussi lourdement dans les agrocarburants de seconde génération. Elles essayent de mettre au point de nouveaux traits génétiques pour les matières premières et investissent dans les processus de transformation en carburants de ces mêmes matières en utilisant par exemple des enzymes.

Les agrocarburants de deuxième génération : la solution à tous les problèmes ?Face à l’inquiétude croissante de l’opinion publique vis-à-vis de l’expansion des agrocarburants, les gouvernements, comme les industriels, invoquent les agrocarburants de deuxième génération. En utilisant l’ensemble de la plante au lieu, uniquement, de certaines parties, nous disent-ils on obtiendra de meilleurs résultats pour le CO2 et on baissera les coûts de production. Un autre avantage serait aussi qu’un éventail plus large de matériaux pourra être utilisé comme, par exemple, les arbres, les déchets végétaux ou la paille. Ils nous présentent l’utilisation d’arbres à la place de cultures alimentaires comme une possibilité d’éviter la compétition avec l’approvisionnement en nourriture. Comme si cela n’allait pas poser de problème. En effet, les grandes plantations d’arbres vont être directement en compétition avec la production de nourriture pour ce qui est de l’occupation du sol et les besoins en eau. D’autre part l’utilisation de la plante entière pose problème car cela prive les sols de matières organiques et a des conséquences négatives sur les écosystèmes. Indépendamment des pour ou des contre ou des problèmes liés à certains agrocarburants, le problème fondamental reste l’étendue des terres nécessaires pour satisfaire les objectifs des gouvernements. Cela ne se fera pas sans d’immenses plantations en monoculture, dans la plupart des cas contrôlées par de grandes firmes de l’agrobusiness et par de grands propriétaires fonciers. Cette expansion s’accompagnera des problèmes habituels de ce mode de cultures : coûts environnementaux et sociaux très élevés.
Cette deuxième génération d’agrocarburants n’est pas encore commercialement viable et il n’est toujours pas sûr qu’elle le soit un jour. Aujourd’hui, rien ne prouve que ces agrocarburants de seconde génération puissent contribuer réellement à la lutte contre les changements climatiques et aucune étude d’impact des risques n’a été menée. Cela n’empêche pas les gouvernements de financer leur développement avec de l’argent public et d’en faire la pièce maîtresse de leur politique des agrocarburants.
En fait, en s’appuyant sur le développement des agrocarburants de deuxième génération et sur les solutions qu’ils sont censés apporter à moyen terme, les gouvernements cherchent un alibi à l’expansion effrénée, actuelle des agrocarburants. L’éditorialiste engagé, Georges Monbiot, l’exprimait clairement : « Au départ, il s’agissait de bonnes intentions qui ont mal tourné. Maintenant, il s’agit d’une arnaque totale. Les gouvernements qui utilisent les agrocarburants pour lutter contre le réchauffement planétaire savent qu’ils font plus de mal que de bien. Mais ils continuent comme si de rien n’était ». La réalité est que la folie des agrocarburants - avec son parti pris pro industrie - n’aidera en rien à stopper les changements climatiques mais aura des conséquences graves sur les pays du Sud. Le réseau de groupes de la société civile des pays sud et méso-américains prévenait l’Union européenne lorsqu’il lui demandait de ne pas adopter des objectifs obligatoires pour les agrocarburants : « Pendant que les Européens maintiennent leur mode de vie basé sur la culture de la voiture, la population des pays du Sud aura de moins en moins de terres pour ses plantes alimentaires et va perdre sa souveraineté alimentaire ».
En terme de politique publique, il n’est pas sérieux de fixer des objectifs pour les agrocarburants - comme l’a fait l’Union européenne - compte tenu de l’absence d’étude d’impact sur les risques liés aux agrocarburants de seconde génération et compte tenu des effets négatifs liés à toute promotion à grande échelle des agrocarburants déjà existants. Ce rapport montre, à la fois les mécanismes à l’œuvre derrière les politiques actuelles de l’UE ainsi que les motivations des acteurs clés de l’industrie. Le choix fait par l’UE pour les agrocarburants a été largement téléguidé par les industriels qui vont directement profiter de leur développement futur et de leur utilisation à grande échelle.
Ce mode faussé de prise de décision politique va coûter très cher à d’autres parties prenantes, tant au sein de l’Union européenne qu’à l’extérieur. On parle beaucoup de schéma de certification pour garantir que seuls des matières premières ou des agrocarburants produits de façon soutenable puissent être importés en Europe ou profiter de subventions ou autres incitations. Mais la certification ne fera que déplacer le problème : les production « soutenables » vont repousser les productions « non soutenables » ailleurs – que ce soit des production destinées aux agrocarburants ou les mêmes production destinées à l’alimentation humaine et animale ou à l’industrie du papier. Si l’Union européenne veut réellement faire quelque chose contre les changements climatiques alors il faut que ses politiques se concentrent sur des changements fondamentaux comme réduire sa consommation d’énergie et n’utiliser que la part qui nous revient dans une répartition équitable des richesses sociales et environnementales de la planète. En attendant, la seule décision raisonnable est de prononcer un moratoire sur tous les objectifs de l’Union européenne sur les agrocarburants.

article extrait de : http://imposteurs.over-blog.com/

De la vogue antiscience aux nostalgiques de la décroissance (Première partie)
Première partie
Définissons le scientisme comme une position naïve selon laquelle la science pourrait à elle seule résoudre tous les problèmes qui affligent l'humanité, indépendamment du système social économique et politique. Il y a de nos jours sans doute très peu d'intellectuels et d'hommes de science pour défendre une telle vision mécaniste du progrès. Pourtant la dénonciation du scientisme revient à tout bout de champ dans les salons de la critique sociale.A l'opposé, la défiance généralisée envers la science, non seulement à travers ses applications, mais en tant que démarche intellectuelle et méthode pour avancer dans la compréhension du monde, connaît une vogue qui dépasse très largement les élucubrations de quelques cercles universitaires ou militants. Et cette mode a des répercussions évidentes sur les mentalités de l'ensemble de la société.Pour vous en convaincre, lancez un débat sur la science au milieu d'une tablée d'une dizaine de monsieur et madame tout le monde, votre défense de l'approche rationaliste des choses risque fort de vous rendre impopulaire. Vous rencontrerez très fréquemment auprès de gens qui ont pourtant une espérance de vie doublée par rapport à leurs arrières grand-parents :
- la négation pure et simple que les bienfaits apportés par la sciences l'emporte en général sur ses applications perverses. - la persistance anachronique des croyances dans les phénomènes paranormaux tel que l'astrologie ou autre manifestation du destin.- le refus de prendre les pseudosciences et pseudo-médecines pour ce qu'elles sont : paradoxalement, la croyance aux pseudo-médecines (1) semble s'être renforcée au cours des dernières décennies pendant une période où les progrès de la médecine ont été vertigineux.- le refus de considérer les phénomènes sous l'angle objectif des preuves en faveur ou contre ce qu'on affirme.
Non seulement la discussion achoppe très vite, mais il est fréquent de voir railler l'idée qu'existe une vérité objective . « De toute manière, on croit ce qu'on veut ». On retrouve donc dans le « grand public » l'idée typiquement relativiste que la vérité n’est pas une affaire de correspondance (au moins approximative) avec la réalité objective, mais qu'elle est une simple affaire de consensus social, « intersubjectif ».Il y a donc d'un côté la version élaborée , théorisée de l'antiscience et de la défiance envers le rationalisme scientifique : C'est celle qui prévaut dans des milieux intellectuels ou parmi les tenants de l'écologie fondamentaliste teintée de mysticisme qu'on pourrait à tort croire marginaux (2). On pourrait se contenter de hausser les épaules s'il s'agissait d'un univers social et culturel totalement imperméable. Or c'est loin d'être le cas, et le type de conversation que j'ai dépeint ci-dessus reflète qu'il existe bien une version « populaire » de l'idéologie anti-scientifique. Les postillons post-modernistes n'éclaboussent pas que les premiers rangs de certains amphithéâtres américian de sociologie. Et concernant la critique de la société hautement technologique considérée comme déshumanisante , les thèses qui reprochent au smicard détenteur d'un téléphone portable son aliénation à la "technologie mortifère" et à "la société de consommation" sont certes édulcorées avant de pénétrer dans l'oreille du smicard,mais ce discours culpabilisateur arrive tout de même jusqu'à lui: c'est une raison de plus pour ouvrir les yeux de celui-ci sur la nature réelle de ces idéologies, leur caractère profondément dangereux et réactionnaires.Cette idéologie cherche des débouchés politiques, mais déteint également sur les idées de monsieur Lambda.Il est indispensable de les critiquer sans la moindre indulgence.Rejet des applications civiles et progressistes de la science au nom des applications perverses Dans sa préface au livre de Sokal (3), Jean Bricmont , après avoir évoqué le problème de la collaboration des scientifiques avec les militaires et les marchands d'armes, note subtilement :"Cela nous amène à un [autre] paradoxe qui concerne la critique des Sciences : un des aspects positifs du mouvement de Mai 68 était justement la mise en cause des scientifiques et leur responsabilité morale dans l'accumulation d'armements ainsi que dans la guerre du Vietnam. Mais ce type de critique est aujourd'hui presque inaudible, puisque les critiques contemporaines se concentrent presque toutes sur les aspects civils de la recherche (nucléaire, OGM etc..), aspects qu'il faut sans doute examiner avec soin, mais dont les conséquences, même en admettant les pires scénarios catastrophes, sont négligeables par rapport aux effets réels de la domination militaire. »Eh oui ! Avec la fin de la guerre froide, les peurs se sont déplacées, et le budget englouti dans les joujoux nucléaires des militaires ne provoquent plus que de l'indifférence tandis que la construction d'EPR ou d'un celle d'un réacteur expérimental de fusion ITER peuvent déplacer des milliers de manifestants.Certains trouvent toutefois nécessaire de garder sous le coude l'alibi anti-armement. Ainsi peut-on entendre dans la bouche des écologistes que lorsqu'il y a une centrale nucléaire, la bombe n'est jamais loin.Notons que c'est aussi l'argument des conseillers en propagande de Georges Bush à propos de l'Iran ou de l'Irak. A y regarder de plus près, disposer de centrales nucléaires énergétiques n'a jamais été la condition nécessaire pour disposer de la bombe atomique, et il est assez risible de pointer les risques de dévoiement militaire d' ITER 50 ans après l'explosion de la première Bombe H , tandis que la « fusion civile » n'est toujours pas maîtrisée.Quelque soit le domaine scientifique, les adversaires de celle-ci considèrent qu'il faut refuser y compris ces applications civiles, pacifiques, même lorsqu'elles représentent une source de progrès évidente, au nom de toutes les applications perverses que toute découverte peut potentiellement représenter. Ainsi faudrait-il renoncer au nom d'Hiroshima, à l'énergie nucléaire mais peut-être même aux applications médicales de la radio-activité, à la recherche en matière de thérapie génique au nom des docteurs Mengele etc.Dans le même esprit, unmouvement anti-nanotechnologies(4),entièrement calqué sur celui anti-OGM, sedéveloppe pour condamner en bloc celles-ci qui n'ont pourtant rien d'autre en commun que le manipulation et le façonnage de lamatière à l'échelle du nanomètre (ou du millionième de mm).
Un scientisme inversé :
En fait, ses positions sont paradoxalement celle d'un scientisme inversé qui occulte les responsabilités politiques ou les intêrets économiques qui conduisent aux applications perverses de la science et ne voient que dans celle-ci la source de tous les maux.A ce titre, un décroissant fanatique comme Guy Kastler peut-il sans ciller affirmer"Les controverses scientifiques remplacent les débats théologiques (sic!),ainsiEinstein a permis leremplacement du char d'assaut des mécaniciens par la bombe atomique des physiciens.»(5).Eh oui, Einstein est responsable d'Hiroshima ! Et accessoirement, l'inventeur du coupe-coupe responsable du génocide rwandais ? Dans la foulée, Rosalynd Francklin , James Watson etc....ne sont-ils pas en définitive les vrais responsables de la l'amendement Mariani?Ce scientisme à l'envers est dangereux : d'abord parce que dans sa version extrême où il nie que la science puisse contribuer à apporter des solutions techniques et matérielles positives aux problèmes que rencontre l'humanité. Ensuite parce que si l'activisme antiscience peut malheureusement bloquer ou retarder la mise en oeuvre de progrès réels amenés par la science (on le voit dans le domaine des OGM) , il est très mal armé pour empêcher les recherches qui se mènent dans le secret des laboratoires militaires pour des applications condamnables du génie scientifique. D'ailleurs, dans les faits, il ne se bat pas contre celles-ci.Du rejet des applications de la science au rejet de l'esprit scientifique Mais il y a encore pire : On peut désormais faire circuler en France des pétitions demandant un moratoire sur la recherche scientifique (6), et décrier la science, au-delà de ses applications technologiques, en elle-même, comme démarche intellectuelle et méthode visant à la connaissance.« L'autre aspect sur lequel se centre la critique est la valeur épistémologique de la science, plan sur lequel celle-ci est imbattable du moins par rapport à toutes les alternatives existantes (pseudosciences et religions). »(Bricmont)Cette pensée qu'on dit post-moderne n'est pas un progrès, un dépassement progressistes des « idées des lumières » mais un recul par rapport aux lumières. Si de telles idées avaient vocation à devenir les idées dominantes dans le siècle qui démarre, on peut prévoir une plongée généralisée dans les ténèbres ! Comment face aux nationalismes, au racisme et à l'ethnicisme, aux fanatismes religieux qui nous gangrènent, peut on oser attaquer ainsi « l'approche rationnelle du monde , seul véritable rempart contre nos diverses folies » ?Rejet de l’universalité de la science, promotion des pseudosciences et de l’ethnicisme
Dans Pseudosciences et postmodernisme, Sokal nous fournit des exemples convaincants des ponts qui existent entre la philosophie postmoderne et la promotion des pseudosciences. Nier la valeur de la science contribue bien entendu à réévaluer la pseudoscience et les charlatanismes avérées. Surtout lorsque le relativisme culturel fournit des arguments ethno-culturels : ainsi la science tout court est-elle fréquemment décrite simplement comme une tradition culturelle occidentale ne pouvant qu'être oppressive pour les autres cultures qui disposeraient d'autres manières de « produire de la vérité » . Vendana Shiva, engagée aux cotés de José Bové contre les OGM (le monde de l'obscurantisme est réellement un village planétaire !), défend que « la science moderne n'est ni plus ni moins que la science occidentale, c'est-à-dire (sic!) une catégorie particulière d'ethno-science (6). »Comme si un scientifique indien ou égyptien raisonnaient de manière différente d'un savant allemand , japonais ou états-uniens ! C'est précisément cette méthode commune qui font d'eux ce qu'on appelle des scientifiques. En fait, il n'existe pas une théorie scientifique de l'atome indienne ou américaine, pas plus qu'il existe une théorie de la génétique « bourgeoise » ou « prolétarienne » . Il existe des théories scientifiques et d'autres qui ne le sont pas, un point c'est tout. Affirmer le contraire c'est prendre la défense des pseudosciences, et c'est ce que fait Vendana Shiva.Les relations intimes que la science entretient avec la vérité et l'objectivité sont qualifiées d'oppression violente contre les cultures et les « savoirs traditionnels » , une manière polie de désigner les faux savoirs et les croyances erronées. Cette posture est d'ailleurs théorisée par les nationalistes hindous qui affirment la supériorité de la « science védique » sur la physique quantique notamment. Non seulement la relativisation de la valeur de la science représente un sérieux coup de main idéologique à toutes les pseudosciences et aux marchands d illusion, mais cette attitude face à l'universalisme,à l' intelligibilité scientifique du monde et au savoir rejoint les positions des dominants qui ont dans toute l histoire toujours profité de l ignorance et toujours considéré l' éducation et le savoir avec une méfiance compréhensible. L' idée que la connaissance opprime tandis que l' ignorance -pardon les « savoirs traditionnels » - affranchit est une absurdité réactionnaire. ****************************************************************************************************************** Comme nous l'avons vu , l'antiscience se décline de manière cohérente en plusieurs thèmes :- 1. Rejet des applications technologiques de la science, y compris celle utiles socialement, rejet de la validité de la notion de progrès- 2. Rejet de la supériorité de la science comme démarche intellectuelle et de son objectivité, rejet de la compréhension matérialiste du monde. Disqualification du concept de vérité.- 3.Réhabilitation (au moins partielle) des pseudosciences sous couvert de « savoirs traditionnels »- 4.Rejet de l'universalisme et apologie des « vérités locales, ethniques», affirmation que la science moderne n'a aucune légitimité en dehors de son "berceau occidental".Et pour les plus rétrogrades des anti-sciences :- 5. Affirmation que le droit à l'éducation, à l'accès à un savoir universel et au développement économique et social dans les pays retardataires du globe est une vision ethnocentrique d'européen ! - 6. Nostalgie d'un monde plus heureux (imaginaire) où les gens n' étaient pas trop éduqués et vivaient dans la félicité leur condition de pauvreté infra - humaine - 7. Projet (espérons-le, irréalisable) d'un retour au moins partiel vers cette condition . C'est au sens exact du terme un projet réactionnaire. La fraction radicale de ce courant intellectuel, le Mouvement pour la décroissance, adhère à ces dernières postitons (5 , 6 et 7). Ivan Illitch ,Un de ses pères spirituels , dont les textes sont souvent cités , ne considérait-il pas que l'école fait partie de «ces outils qui sont toujours destructeurs, quelles que soient les mains qui les détiennent», car elle «accroît l'uniformisation, la dépendance, l'exploitation et l'impuissance». (…) «Or, les hommes n'ont pas besoin de davantage d'enseignement. Ils ont besoin d'apprendre certaines choses.» En l'occurrence, «les hommes doivent apprendre à contrôler leur reproduction, leur consommation et leur usage des choses. Il est impossible d'éduquer les gens à la pauvreté volontaire.»Une vision du monde devant laquelle les doctrines philosophiques et sociales les plus rétrogrades de l'histoire de l'église paraissent modérées !(à suivre) ************************************************************************************************************************** Notes : ( 1 ) s i o n m e t d e c ô t é l a p s y c h a n a l y s e , p s e u d o s c i e n c e p a r e x c e l l e n c e d e l a s o u f f r a n c e e t d e s p a t h o l o g i e s m e n t a l e s , q u i a e u s o n h e u r e d e g l o i r e b i e n a v a n t n o t r e é p o q u e . ( 2 ) d o n t l e c o u r a n t e x t r ê m e e s t c e l u i d e l a d é c r o i s s a n c e q u i f a i t t o u t d e m ê m e p a s m a l d 'a d e p t e s . Par exemple, le journal du même nom tire 42 500 exemplaires , soit presque autant que la diffusion payante de l'Humanité ! ( 3 ) P s e u d o s c i e n c e s e t p o s t - m o d e r n i s m e s ( 4 ) lire notamment http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=3316. Les opposants les qualifient de "nécrotechnologies" ( 5 ) Guy Kastler, Sciences : les choix qui orientent notre avenir dans Nature et Progrès (6) Voir le site des "décroissants de Bourges"


réponse:
si je critique les apprentis sorciers bien rémunérés sans conscience,il faut aussi que j'accepte leurs critiques.
personnellement,ce n'est pas parce que j'ai un bon niveau en traitements phytosanitaires et en hydroponique,donc les moyens d'empoisonner légalement les gens, que ça me donne le droit moral de le faire.
Science sans conscience..............

pascal

le saviez-vous?

Pourquoi les feuilles tombent ?, INRA Environnement, mis a jour le 22/11/07

Si nos lectures et enseignements de biologie nous ont laisse des images assez nettes de la formation de l’oeuf de poule ou de la metamorphose du tetard, il n’en est pas de meme pour le fonctionnement de l’arbre, en particulier pour le phenomene de la chute des feuilles. Des chercheurs de l’Inra repondent a quelques questions sur la physiologie de l’arbre et evoquent leurs travaux de recherche.
Pourquoi les feuilles tombent ?
Par Herve Cochard
Sous nos climats temperes, a l’automne, les feuilles tombent. L’arbre s’adapte ainsi aux effets conjugues du froid et de la diminution de la duree du jour. Si l’on maintient un arbre en serre chaude, comme nous le faisons au laboratoire pour le noyer, il garde ses feuilles plus longtemps.
Les signaux environnementaux (temperature et photoperiode) declenchent une serie d’evenements aboutissant a la chute des feuilles : sous l’action des basses temperatures, la chlorophylle et certaines proteines sont degradees ce qui permet de recycler le carbone et l’azote de ces molecules sous forme de reserves de nutriments transferes au reste de l’arbre. La degradation de la chlorophylle devoile une palette de pigments a base de carotenes (orange), d’anthocyanines (pourpre), et de xantophylles (jaune) qui donnent a l’automne ses si jolies couleurs ... Des enzymes et hormones vegetales reglent ces processus.
Une zone d’abscission se forme a la base des feuilles, qui tombent sous l’effet de leur poids et du vent. Chez le chene, les premiers gels se produisent avant la formation de la zone d’abscission et les feuilles se dessechent completement tout en restant sur l’arbre.
La chute des feuilles au sol permet de recycler les constituants de la matiere vegetale, degrades par les microorganismes de l’humus et captes a nouveau par l’arbre.
La chute des feuilles en automne n’est pas une grande perte pour l’arbre d’une part parce que leur metabolisme est tres ralenti par arret de la photosynthese, d’autre part parce que leurs constituants sont recycles et reutilises par l’arbre.
Pourquoi l’arbre doit-il se proteger contre le froid ?
En cas de froid intense, les petits vaisseaux des feuilles peuvent geler. Les gaz dissous dans la seve forment alors des bulles d’air car ils sont tres peu solubles dans la glace formee. Lors du degel, ces bulles d’air grossissent et provoquent l’interruption de la circulation de seve. Ce phenomene est appele embolie hivernale.
L’autre probleme est de proteger les cellules elles-meme contre le gel. En effet, si l’interieur des cellules gele, il y a une dilatation et donc un risque d’eclatement de la cellule. De plus, les cristaux formes endommagent la machinerie cellulaire (organites, proteines,...). Pour prevenir ce risque, les cellules se deshydratent et produisent des substances cryoprotectrices (sucres, proteines) qui abaissent le point de congelation a l’interieur de la cellule. Le resultat est visible, en tout cas mesurable, au niveau de l’ecorce : les cellules se contractent, le diametre de l’arbre diminue. Lors du degel, l’arbre reprend son diametre initial, le phenomene est reversible.
Et les arbres a feuilles persistantes ?
Les arbres a feuilles persistantes sont moins sensibles au froid. Les coniferes sont bien proteges contre le phenomene d’embolie hivernale car leurs aiguilles possedent des elements conducteurs (tracheides) tres etroits ou ne peuvent etre piegees que des bulles d’air tres petites. De plus, leur systeme photosynthetique est plus resistant au froid.
Cependant, chez toutes les especes d’arbres, les feuilles ou aiguilles ont une duree de vie limitee et finissent par tomber. Le vieillissement naturel des feuilles est un processus complexe qui, comme chez l’homme, touche toutes les fonctions (photosynthese, composition en pigments, assimilation des nutriments …).
Y a-t-il une descente de seve avant la chute des feuilles ?
Il est faux de dire que la seve quitte les feuilles avant leur chute. Il n’y a pas de descente de seve. La seve reste dans les vaisseaux. 
Dans un arbre, on distingue schematiquement deux circulations de seve en periode feuillee : le mouvement ascendant de la seve brute des racines vers les feuilles qui passe par les vaisseaux et le mouvement descendant de la seve elaboree des feuilles vers les racines qui passe de cellules en cellules. La seve elaboree ne contient que 1% de la quantite d’eau vehiculee par la seve brute.
C’est l’aspiration de l’eau par les feuilles qui tire la seve brute jusqu’en haut de l’arbre. Les feuilles perdent de l’eau par transpiration a travers les stomates. L’arbre rejette ainsi dans l’atmosphere la presque totalite de l’eau qu’il puise dans le sol. Ses reserves d’eau sont tres reduites.

Que se passe-t-il en cas de gel precoce, en automne ?
par Thierry Ameglio
Normalement, en automne, l’arbre se prepare au froid : on dit qu’il s’endurcit. Des la chute des feuilles, les reserves d’amidon stockees pendant l’ete dans le bois et l’ecorce sont progressivement transformees en sucres solubles, qui ont une fonction d’antigel. C’est au mois de janvier-fevrier que l’arbre est le mieux prepare au gel. En cas de gel precoce, le tronc de l’arbre insuffisamment endurci peut presenter des zones de necrose, comme on a pu l’observer recemment dans la hetraie ardennaise.
De telles necroses corticales sont egalement observees sur les arbres urbains et auraient pour origine des alternances gels - degels localisees sur des arbres non encore endurcis au froid. C’est actuellement un souci majeur des gestionnaires de l’arbre en ville. On peut meme se demander si la selection par les pepinieristes de specimens ayant une croissance soutenue et prolongee, dans le but d’obtenir rapidement des arbres de grande taille pour ce marche tres porteur de l’arbre urbain, n’est pas a l’origine de la frequence de ces necroses. En effet, ces arbres sont toujours en croissance a l’automne et dans ces conditions, ils ne se preparent pas au froid.
Si de plus, l’arbre a subi des stress pendant l’ete precedent (secheresse, defoliation due a un stress thermique ou attaques de chenilles) et que sa croissance a ete affectee avec des reserves d’amidon amoindries, sa sensibilite au gel est renforcee. Ce scenario s’est produit lors de la canicule de 2003 (secheresse et temperature elevee entrainant la chute precoce des feuilles) et pourrait se reproduire dans le contexte du rechauffement climatique puisque l’on predit des deficits hydriques plus frequents en ete. Ainsi paradoxalement, le risque majeur pour la suivie des arbres dans ces climats futurs pourrait etre le froid.
Et en cas de gel tardif ?
Au printemps, les cellules de l’arbre sont plus sensibles au froid qu’en hiver, on parle de « de-endurcissement ». Ce dernier est en partie lie a la rehydratation de tous les organes avant le debourrement (eclosion des feuilles et fleurs protegees jusque la par les ecailles du bourgeon). A cette periode, les consequences du gel sur les jeunes organes en croissance sont importantes. En effet, les feuilles comme les fleurs ne sont pas des organes adaptes au froid.
Les gels tardifs marquent les esprits par leurs consequences economiques directes sur la production fruitiere de l’annee. Ils sont neanmoins moins problematiques pour la survie de l’arbre que les gels d’automne. En effet, des bourgeons latents vegetatifs (sans fleur) peuvent a nouveau debourrer apres ces premiers dommages. L’arbre doit alors puiser a nouveau dans ses reserves glucidiques pour faire croitre ces nouvelles structures. Ainsi, seule la repetition des gels tardifs au printemps ou sur plusieurs annees peut etre fatale a l’arbre. La encore, le changement climatique qui induit un debourrement plus precoce pourrait aggraver ce phenomene de sensibilite des arbres au gel tardif.
Les feuilles peuvent-elles tomber en ete ?
Par Nathalie Breda
Lors de la canicule de 2003, on a observe des jaunissements et rougissements precoces des feuilles, des chutes de feuilles, de branches, de rameaux, de fruits. Cette annee la, il y a eu la conjonction exceptionnelle de 2 contraintes : la secheresse et la canicule, dont les effets se sont ajoutes.
La secheresse provoque une fermeture des stomates des feuilles pour limiter la transpiration. Du meme coup, il n’y a plus d’entree de CO2, plus de photosynthese, la croissance s’arrete. Pour entretenir ses cellules, l’arbre doit puiser sur ses reserves, alors qu’il devrait en constituer pour l’hiver. Une fois les stomates fermes, l’arbre entre dans une periode de survie difficile. Si la secheresse persiste, il continue a se deshydrater - certes, a un rythme plus lent, mais continu. Les feuilles peuvent griller au soleil. Si la secheresse est trop severe, il y peut y avoir des phenomenes d’embolie gazeuse, la regulation par les stomates etant insuffisante (1). Les feuilles ne recoivent plus de seve et se dessechent. Elles tombent, fletries, mais restent souvent vertes. La canicule produit quant a elle une degradation de la chlorophylle, faisant apparaitre des jaunissements et rougissements.
Quelles sont les consequences pour l’arbre ?
Le jaunissement et la chute prematures des feuilles ne sont pas forcement inquietants car seuls les organes annuels sont touches. Il s’agit d’une strategie de protection de l’arbre contre le dessechement. L’arbre survit tant qu’il reste des bourgeons vivants et que son systeme racinaire n’est pas desseche. Mais le sacrifice des feuilles entraine un deficit d’accumulation des reserves. L’arbre sera plus sensible au gel pendant l’hiver et au printemps suivant, le debourrement pourra etre retarde et le feuillage moins dense.
Les consequences sont plus graves pour des arbres deja affaiblis par des incidents precedents (tempete de 1999, exces d’eau des printemps 2000 et 2001, secheresse de 1996). Les effets des accidents climatiques peuvent se manifester plus de 10 ans apres.
Les jaunissements et chutes precoces de feuilles peuvent-ils avoir d’autres causes ?
Ces symptomes ne sont pas specifiques et peuvent etre provoques par beaucoup d’autres causes phytosanitaires. C’est ainsi qu’en 2003, beaucoup de hetres ont perdu leurs feuilles en ete sous l’effet de la secheresse, mais des rougissements intenses etaient provoques par un charancon phyllophage (l’orchestre du hetre). L’oidium provoque des brunissements des chenes, la mineuse le jaunissement des marronniers d'Inde, la graphiose le dessechement de l’orme. Il convient donc de faire des diagnostics precis de l’etat sanitaire des forets.
Combien y-a-t-il de feuilles dans une foret ?
A l’epoque ou les feuilles tombent et ou certains envisagent de les ramasser, en ville ou dans leur jardin, on peut se demander quels sont le nombre et la surface de feuilles d’un arbre. Le niveau des echanges entre la foret et l’atmosphere est proportionnel a la surface des feuilles : plus il y a de feuilles, plus la foret consomme d’eau et fixe de carbone. Ce parametre s’appelle l’indice de surface foliaire.
Nous mesurons cette donnee en foret : typiquement pour une foret feuillue temperee, il y a entre 5 et 9 ha de feuilles pour un hectare de foret. La surface d’une feuille est de l’ordre de 15-20 cm2 pour le tilleul, le charme ou le hetre, de 30 cm2 pour les chenes et peut atteindre 70 cm2 pour le chataignier. Ainsi, un petit chene de 15 ans presente une surface foliaire de 15 a 20 m2 soit entre 3000 et 5000 feuilles ! Et pour un hectare de foret, il faut compter entre 30 a 45 millions de feuilles… Alors a vos brouettes et vos rateaux !
(1) En cas de secheresse, les feuilles perdent beaucoup d’eau par transpiration a travers les stomates et aspirent plus d’eau. On peut imaginer la colonne de seve dans un vaisseau comme une corde tiree vers le haut. Si l’aspiration augmente trop, « la corde » casse. De l’air present dans des vaisseaux morts avoisinants penetrent dans le vaisseau, provoquant un phenomene d’embolie. Il s’agit donc d’un mecanisme different de l’embolie hivernale. Normalement, l’arbre reagit avant l’embolie en fermant ses stomates. Le phenomene d’embolie gazeuse est la principale cause de mortalite des parties terminales de l’arbre (pousses et racines) en cas de secheresse.
<http://www.inra.fr/la_science_et_vous/apprendre_experimenter/chute_des_feuilles>

mardi 27 novembre 2007

L'OMBRE DU ZEBRE N'A PAS DE RAYURES ou l'art de TUER l'écologie

Grenelle de l'environnement. "Quelque chose qui nous depassait", 20 Minutes, 23/11/07
Propos recueilli par Stephane Colineau

C'etait il y a un mois. Les 24 et 25 octobre se sont deroulees a Paris les negociations finales du Grenelle de l'environnement. Un morceau d'histoire, au terme duquel la France a amorce un virage, de l'avis des ONG les plus pointilleuses. Nathalie Kosciusko-Morizet, secretaire d'Etat a l'Ecologie, etait aux premieres loges.
Elle temoigne de ce huis clos entre les representants des ONG, des syndicats, des patrons, des collectivites territoriales et de l'Etat.
· Le stress avant les reunions «En arrivant au ministere, je ressentais un peu de stress. Comme avant un accouchement, quand on en a marre d'attendre mais qu'en meme temps on a de l'inquietude. Je craignais que les participants, tres positifs pendant les travaux preparatoires, aient ete recadres par leurs organisations.»
· L'ecopastille et les premiers pas «On savait que la premiere heure serait cruciale. On a vu tres vite. C'etait constructif. La pression de l'opinion a joue, personne ne voulait apparaitre comme celui qui ferait echouer le Grenelle. A la fin de la premiere matinee on a eu un exemple, avec l'ecopastille. Patrick Ollier [depute UMP], qui representait l'Assemblee, voulait que cette pastille ne soit instituee qu'au moment de l'achat du vehicule. Les ONG voulaient qu'elle soit annuelle. Finalement Ollier a dit "O.K.: je suis pret a defendre l'option annuelle." La, on a vu que les gens changeaient leurs positions. Mais ce mercredi, il y a aussi eu des echanges vifs. Le soir, je suis rentree chez moi claquee
· Un SMS s'echappe «Le lendemain matin, il y a un couac sur la reduction de l'usage des pesticides. En pleine discussion, une association a envoye un SMS a un de ses contacts a l'exterieur pour lui dire: "On a gagne." Ce contact en a parle a l'Agence France-Presse, qui a publie une depeche. Dans la salle, un representant du syndicat des agriculteurs, la FNSEA, a aussitot recu un texto de ses troupes: "Vous nous avez laches." Il etait en colere. Heureusement, on a pu reprendre les discussions.»
· Le discours de Sarkozy «Le discours du president de la Republique a l'Elysee a ete un moment tres fort. J'ai ete touchee quand il a dit: "J'assume les conclusions du Grenelle." On avait le sentiment d'avoir fait quelque chose de tres important qui nous depassait.»
· «L'ombre du zebre» «Les liens tisses entre les participants au fil du temps ont ete un element important. Ca s'est encore senti quatre jours apres le "Grenelle", quand plusieurs d'entre nous etaient les invites d'une emission sur la Cinquieme. L'ecologiste Alain Bougrain-Dubourg m'a defiee de glisser en direct une phrase qui n'avait pas de sens: "L'ombre du zebre n'a pas de rayures." Je l'ai dite. Plus tard, Bougrain Dubourg a envoye un zebre en peluche pour mon fils.»
... Retrouvez notre blog d'experts sur le Grenelle de l'environnement...
<http://www.20minutes.fr/article/196349/France-Quelque-chose-qui-nous-depassait.php>

à rapprocher de ça:
(extrait du blog de Fabrice Nicolino)

Publié le 26 novembre 2007
Je ne connais pas Stéphane Demilly, mais ce doit être un excellent homme, puisqu’il est député. De la Somme. Du Nouveau Centre. C’est-à-dire qu’après avoir clamé son amour d’un grand homme - François Bayrou - jusqu’au soir du premier tour des présidentielles de 2007, il s’est jeté dans les bras d’un second héros, Nicolas Sarkozy. Un tel choix, qui l’honore, n’a rien à voir avec l’opportunisme, les gros sous, la carrière, contrairement à ce que pensent les perfides.
La suite. Demilly, avant de faire parlementaire, a été conseiller en com’ et management. Et alors ? Mais rien, c’est juste pour situer. Il vient en tout cas d’être réélu Président du groupe d’études parlementaire sur les biocarburants. « Je suis heureux, a-t-il déclaré (http://www.agrapresse.fr/ftp/AgraFil/Agrafil19Nov.doc), de cette confiance qui m’est témoignée à un moment où, plus que jamais, il est nécessaire d’informer et de rassurer les acteurs de cette filière et le grand public face à la campagne de calomnies lancées par certains lobbies à l’encontre des carburants verts ».

à rapprocher aussi de ça:

Jean-Louis Borloo estime cependant que le processus de consultation qui se poursuit avec les differents acteurs ne doit pas se transformer en Grenelle permanent.
"Il est normal que, dans cette phase, le gouvernement reprenne la main et que les ministeres aient un peu de temps pour plancher sur les modalites pratiques des mesures", estime Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement (FNE). Apres avoir mobilise toutes leurs forces au moment de la negociation, les associations manquent aussi souvent de moyens pour suivre de front tous les dossiers.
Arbitrages ministeriels
Elles savent pourtant que cette seconde etape est tout aussi cruciale pour que le Grenelle soit, au final, a la hauteur des ambitions affichees.
En devoilant, le 21 novembre, sa conception de la taxe kilometrique sur les poids lourds, adoptee dans son principe par le Grenelle, le secretariat d'Etat au transport a montre que cela n'etait pas gagne d'avance.
Cette taxe n'aurait, selon les services de Dominique Bussereau, vocation a s'appliquer qu'aux routes nationales, contrairement aux conclusions du Grenelle qui englobait l'ensemble du reseau routier, hors autoroutes. Ce detail n'aura evidemment echappe a personne.
Apres avoir gagne la bataille sur les grands principes, les associations ecologistes ont maintenant devant elles celles des arbitrages ministeriels.<http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-982511@51-946550,0.html>

pour reprendre le titre du haut:
"il y a bien quelque chose qui est en train de les dépasser"!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
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lundi 26 novembre 2007

un peu technique mais très intéressant pour comprendre le rôle du type d'agriculture que l'on choisit

Le stock de carbone dans les sols agricoles diminue, IFEN, Le 4 pages n°121, novembre 2007

Les matieres organiques du sol assurent de nombreuses fonctions environnementales. Elles constituent notamment un reservoir temporaire de carbone organique, pouvant agir comme source ou comme puits de carbone vis-a-vis de l’atmosphere. Les changements d’usage du sol et de pratiques agricoles influent sur l’evolution du stock de carbone des sols. Le stock de carbone organique dans les sols agricoles a diminué. Cette perte est estimée a
6 millions de tonnes de carbone par an, soit pres de 0,2%, entre les periodes 1990-1995 et 1999-2004. Neanmoins, les sols forestiers ont stocke de l’ordre de 0,7 million de tonnes par an sur la meme periode.
Telecharger la publication au format PDF (taille : 1.4 Mo)
Voir aussi...
Des stocks de carbone organique plus faibles en zones de culture intensive
Diminution des teneurs en carbone organique sur la facade atlantique et dans l’Est entre les periodes 1990-1995 et 1999-2004
Flux de carbone lies a des changements d’usage du sol<http://www.ifen.fr/publications/le-catalogue-des-publications/le-4-pages/2007/le-stock-de-carbone-dans-les-sols-agricoles-diminue.html>

dimanche 25 novembre 2007

Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger les conquêtes sociales ? !!!

au moment où Sarko poste ses copains à la tête des journaux(comme Poutine d'ailleurs)
et que les syndicats bradent les conquêtes sociales,
je veux juste rappeler ça:

14 Mars 2004 -
Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et transmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :- Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc.

Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ?

Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.
- Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
- Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection :

Créer, c’est résister.Résister, c’est créer.

Signé : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey

samedi 24 novembre 2007

qui connait l'ordonnance du 12 mars 2007 ?

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/CASSE_DU_CODE_DU_TRAVAIL_L_analyse_de_Richard_Abauzit.pdf

foyers radians contraflow

http://www.debriel.com/index.php

la décroissance

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les photos de Nadine

http://www.flickr.com/photos/nadinebreizphoto/

nous sommes pris aux filets des agro-industriels

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un autre prix Nobel opposé aux nécro-carburants

extrait du blog de Fabrice Nicolino:

Harmut Michel. Prix Nobel, interrogé par MÓNICA SALOMONE 12/09/2007.
Question : Selon une directive de l’Union Européenne, 5,75% de tous les transports utilisant les énergies fossiles devra être remplacé par des agrocarburants avant 2010. Est-ce une mauvaise stratégie ?
Réponse : Je recommanderais d’abolir cette directive: avec les agrocarburants, on n’économise pas les émissions de gaz carbonique. Il est évident que nous devons réduire les émissions de gaz carbonique si nous voulons freiner ou réduire le réchauffement climatique. Nous devons passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Mais, en ce qui concerne la production de CO2, la production et l’utilisation du biogaz et du biocarburant ne sont pas neutres, parce qu’au moins 50% de toute l’énergie contenue dans le biogaz ou dans le biocarburant provient de sources fossiles.
Question : Pouvez vous l’expliquer plus en détail ?
Réponse : Pour produire certains agrocarburants, comme l’éthanol, il faut investir beaucoup d’énergie sous forme d’engrais, de transport, etc… Il en est de même pour la distillation de l’alcool. Ce qu’on obtient quand le végétal fermente, c’est un peu comme le vin à 10 degrés d’alcool qu’on doit convertir en alcool pur. Il faut pour cela investir presque autant d’énergie que celle qu’il y a dans l’éthanol. Et si on obtient cette énergie des combustibles fossiles, on finit par émettre plus de CO2 que ce qu’on émettrait en utilisant simplement de l’essence pour sa voiture.
Question : N’est ce pas quelque chose qu’on peut améliorer avec de nouvelles techniques de culture, avec plus de recherche en général ?Réponse : Le problème, c’est qu’au départ, l’efficacité globale de la photosynthèse est très faible. Moins de un pour cent de l’énergie solaire est stocké sous forme de biomasse, et il n’est pas possible d’améliorer cela. L’agrocarburant qu’on peut produire par unité de surface et par an contient moins de 0,4 % de l’énergie solaire que cette surface a reçue en un an.
Question : Autrement dit, il faudrait cultiver des surfaces gigantesques pour obtenir suffisamment d’agrocarburants…
Réponse : Même si nous ne comptons pas l’énergie qu’il faut investir pour produire les agrocarburants, il faut tenir compte que couvrir la demande d’électricité de l’Allemagne avec des agrocarburants, exigerait de consacrer toute la surface du pays aux cultures énergétiques. En comparaison, les cellules photovoltaïques sont de 50 à 100 fois plus efficaces en ce qui concerne la conversion de l’énergie solaire en électricité et elles ont besoin de beaucoup moins de sols. Les cultures énergétiques sont une façon très peu efficace d’utiliser le sol.
Question : Vous avez aussi parlé de déforestation associée à l’utilisation des agrocarburants.
Réponse : Oui, les agrocarburants favorisent la perte des forêts tropicales en Indonésie, en Malaisie, dans certaines régions d’Afrique et au Brésil. Au Brésil, c’est le soja. On cultive de plus en plus de soja dans la forêt et brûler la forêt pour produire du soja libère une quantité énorme de CO2 dans l’atmosphère.Question : Dans votre conférence vous avez même dit qu’il est plus efficace d’utiliser directement les cultures pour se chauffer et que ça évite plus d’émissions de CO2.Réponse : Oui, si on doit cultiver, ce serait plus économique d’utiliser le bois pour se chauffer, au lieu d’utiliser le pétrole ou le gaz naturel. Le pétrole, on le laisserait pour les voitures. De cette façon, on triple ou quadruple l’efficacité et on ne paie pas d’impôt pour convertir la biomasse en biocarburants.Question : Mais vous avez dit aussi que produire des agrocarburants est énergétiquement moins cher dans certains pays que dans d’autres. Les agrocarburants sont ils au moins rentables dans certains pays ?
Réponse : Oui, ça peut être un processus rentable si on produit les agrocarburants à partir de la canne à sucre dans les pays où cette culture pousse comme si c’était de l’herbe, sans engrais. C’est le cas du Brésil. Au Brésil, on presse la canne et on utilise les restes de la plante pour distiller l’alcool. Mais en Europe, avec le blé et la betterave, ce n’est pas rentable. Ici, la canne à sucre ne pousse pas.
Question : Et si on utilise les méthodes biotechnologiques, les enzymes, qui digéreraient toute la plante – même la lignine - pour augmenter l’éfficacité des biocarburants?
Réponse : On ne gagne pas beaucoup. L’efficacité de la conversion de la biomasse en agrocarburants oscille entre 0,15 % et 0,3 %. Les cellules photovoltaïques ont, elles, une efficacité qui oscille entre 15 % et 20 % .Et les autres façons de profiter de l’ énergie solaire sont intéressantes, comme par exemple l’énergie solaire thermique.
Question : Ainsi, d’ après vous, il faut favoriser l’énergie solaire.Réponse : La meilleure manière de résoudre notre problème, c’est l’énergie solaire. Ce qui ne va pas, c’est que les cellules photovoltaïques sont très chères. Nous pourrions avoir une ferme solaire dans le Sahara, par exemple, et convertir l’énergie qu’on obtiendrait en une autre forme d’énergie qu’on pourrait transporter, comme l’hydrogène. Cela, jusqu’à ce qu’on développe des câbles supraconducteurs à température ambiante.Question : S’il est si clair que les agrocarburants ne sont pas une option, pourquoi tout le monde parie sur eux?
Réponse : C’est qu’ils sont une idée très attirante, le terme “bio”(carburants) se vend très bien. Mais je ne suis pas le seul qui critique les agrocarburants. Il suffit de faire les calculs.

vendredi 23 novembre 2007

l'oeil dans l'arbre




Celle-là aussi me plait beaucoup
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reflet du ciel dans un lac



photo de ma soeur
joli,non?

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jusqu'à où ira-t-on?

Londres. British Airways fait voler des avions sans passagers, 20 Minutes avec AP, 14/11/07

Ces vols fantomes ne sont pas sans danger pour l’environnement
British Airways a fait voler des avions de Grande-Bretagne vers l’Amerique du Nord ce mois-ci sans le moindre passager a bord en raison d’un manque de personnel en cabine, a reconnu hier la compagnie aerienne.
Greenpeace a critique l’utilisation de vols fantomes a un moment ou la communaute internationale essaie de reduire les emissions de gaz a effet de serre. «Alors qu’il y a une crise du climat, il est absolument scandaleux que cette compagnie fasse voler des avions vides au-dessus de l’Atlantique», a deplore Ben Stewart, porte-parole de Greenpeace.
Depuis le 1er novembre, presque quotidiennement, un vol de notre compagnie a quitte la Grande-Bretagne pour se rendre aux Etats-Unis ou au Canada avec seulement des pilotes et une cargaison a bord, a explique le porte-parole de British Airways. Ces vols sans passagers ont permis a la compagnie de faire monter en Amerique du Nord des passagers qui avaient des reservations pour se rendre en Grande-Bretagne. La societe a affirme qu’elle faisait tout pour regler le probleme, cause par certaines difficultes a coordonner les horaires de ses membres d’equipage, pilotes et 240 avions. Cela entraine parfois un manque de personnel en cabine sur certains vols.<http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/20536857>

mardi 20 novembre 2007

Payer les agriculteurs pour protéger l'environnement

la transat Jacques Vabre s'engage à planter des arbres pour compenser son empreinte écologique...et après?

la FAO propose quelque chose qui me parait beaucoup mieux car le programme intègre l'homme dans le processus écologique:

Payer les agriculteurs pour proteger l’environnement ?, FAO, 15/11/07

Publication de La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2007

Rome – Une retribution des agriculteurs judicieusement ciblee contribuerait a la protection de l’environnement et a affronter les preoccupations croissantes liees aux changements climatiques, a la perte de biodiversite et aux ressources en eau, a indique aujourd’hui la FAO a l’occasion de la publication annuelle de La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2007.
Le rapport avertit toutefois que le paiement pour services environnementaux n'est pas la panacee, et que de gros problemes de mise en oeuvre subsistent.
“Le secteur agricole emploie plus d’individus, occupe plus d’espace et absorbe plus d’eau que toute autre activite humaine”, fait remarquer M. Jacques Diouf, Directeur general de la FAO, dans l’avant-propos du rapport.
“L’agriculture peut a la fois provoquer la degradation des sols, de l’eau, de l’air et des ressources biologiques de la planete et en ameliorer la qualite; tout depend des decisions que prennent plus de 2 milliards de personnes qui vivent directement de l’agriculture, de l’elevage, de la peche ou de l’exploitation des ressources forestieres. Il est donc primordial de garantir des incitations adaptees a ces personnes”.
La croissance demographique, le developpement economique rapide, la demande croissante de biocarburants et le rechauffement climatique exercent une lourde pression sur les ressources environnementales du monde. D'autant que l’agriculture est censee nourrir une population mondiale qui passera de 6 a 9 milliards d’etres humains en 2050.
Une des principales raisons de la degradation de l’environnement est la gratuite apparente des services offerts par la nature: ceux-ci n’appartiennent a personne, nul n’est retribue pour les dispenser, ce qui n’incite guere les agriculteurs a les sauvegarder. En outre, les subventions qui encouragent la production de biens commercialisables aux depens d’autres services ecosystemiques sont susceptibles d’aggraver leur degradation.

Mesures incitatives
Les mesures d’incitation actuelles favorisent la production d’aliments, de fibres et, de plus en plus, de biocarburants, mais elles ont tendance a sous-estimer d’autre services benefiques dispenses par les agriculteurs, tels que le stockage du carbone, la lutte contre les inondations, la fourniture d’eau salubre ou la conservation de la biodiversite.
La remuneration des services environnementaux inciterait les agriculteurs a adopter de meilleures pratiques agricoles, voire de neutraliser la pollution engendree dans d’autres secteurs.
Toutefois, “dans certains cas, la retribution des agriculteurs pourrait accroitre la pauvrete et menacer la securite alimentaire, en particulier si elle devait entrainer une diminution du nombre d’emplois agricoles ou un accroissement des prix des denrees alimentaires”, fait-on remarquer a la FAO.
Puits a carbone
Les agriculteurs auront un role important a jouer dans l’attenuation des effets du changement climatique, indique le rapport de la FAO. L’agriculture joue un role important en tant que “puits a carbone” du fait de sa capacite a pieger et a stocker les gaz a effet de serre, en particulier dans les sols, les plantes et les arbres. Un recul de la deforestation, la plantation d’arbres, la reduction du travail des sols, l’accroissement du sol de couverture et un amenagement ameliore des paturages pourraient, par exemple, porter au stockage de plus de 2 milliards de tonnes de carbone dans environ 50 pays entre 2003 et 2012.
“Une retribution des services environnementaux bien concue est un moyen d’aider les agriculteurs a modifier leurs pratiques d’utilisation des terres et rendre l’agriculture plus ecologique”, a precise Leslie Lipper, specialiste d’economie environnementale a la FAO.
“Il s’agit de paiements en compensation de services reels que les agriculteurs peuvent fournir, un peu comme les remunerations qu'ils recoivent pour le riz ou le cafe qu’ils produisent.”
Programmes de remuneration
Le rapport indique que les paiements se presentent sous diverses formes: transactions volontaires faisant intervenir agriculteurs, communautes, contribuables, consommateurs, societes commerciales et gouvernements. Il pourrait s’agir de paiements directs des gouvernements aux producteurs ou de transferts indirects, tel qu'un supplement de prix que les consommateurs paieraient en contrepartie d'un cafe plus savoureux provenant de plantations situees a l’ombre.
Des centaines de programmes de retribution des services environnementaux sont actuellement mis en oeuvre dans le monde, essentiellement dans le cadre des initiatives de conservation des forets.
Mais “les programmes de remuneration des services environnementaux qui ciblent les agriculteurs et les terres agricoles dans les pays en developpement sont relativement peu nombreux”, deplore le rapport
.

“S’ils sont bien concus, les programmes de paiement des services environnementaux pourraient egalement favoriser une grande partie du milliard ou plus d’habitants pauvres des pays en developpement qui vivent dans des ecosystemes fragiles”, precise Mme Lipper.
Cela requiert un ciblage minutieux ainsi que des mesures de suivi de la fourniture des services environnementaux.
<http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000698/index.html>

archives

Qui êtes-vous ?

paysan bio producteur de framboises biologiques. passionné par mon métier. mais gêné par le fait qu'il ne procure pas un revenu suffisant pour faire vivre correctement ma famille. c'est elle la priorité,donc je vais certainement changer de métier.