Jacques Diouf, directeur général de la FAO, estime qu'il faut attaquer le problème de la rareté des denrées alimentaires par rapport à la demande, et prendre des mesures pour augmenter la production dans les pays déficitaires, surtout les pays en développement. Il faut investir davantage dans les infrastructures rurales et favoriser l'accès aux semences ou aux engrais.
Jacques Diouf : Bonjour.
Patrick de Montmenard : Est-ce que l'augmentation des prix mondiaux du blé, du maïs, du soja, du riz... est due à la pénurie mondiale, qui commence déjà à se faire sentir ?
Jacques Diouf : Oui. Mais ce n'est pas seulement une pénurie mondiale, il y a tout un ensemble d'autres facteurs au niveau de la demande, pas seulement de l'offre. Il y a la demande de la Chine ou de l'Inde, deux pays avec une population de 2,2 milliards de personnes et depuis plusieurs années un taux de croissance de leur PIB entre 8 et 10 %. Ce qui se traduit par une augmentation des revenus de la population. Or, dans les pays du tiers-monde comme l'Inde, 50 à 60 % du revenu vont vers l'alimentation, contrairement aux pays développés, avec 10 à 20 %.
Il y a aussi la demande d'aliments allant vers les bioénergies, évaluée à environ 100 millions de tonnes en 2006.
D'un côté, il y a donc l'insuffisance de l'offre, mais de l'autre côté une forte demande.
Chef : Comment expliquez-vous l'envolée des prix des produits agricoles, y a-t-il un rôle de la spéculation ?
Jacques Diouf : Il y a des facteurs objectifs, comme ceux que nous venons d'indiquer au niveau de l'offre, qui a été affectée par les faibles stocks mondiaux de produits alimentaires et de céréales en particulier, qui sont au plus bas depuis 1980, et qui sont 5 % au-dessous des chiffres de l'année dernière. Et il y a l'impact du changement climatique, notamment les inondations en Asie, la sécheresse en Australie et au Kazakstan, les ouragans en Amérique latine et aux Caraïbes, et en Afrique une combinaison de sécheresse au Sahel et d'inondations en Afrique australe.
Et nous avons aussi les facteurs qui jouent au niveau de la baisse des productions due au coût des intrants agricoles : les semences, les engrais, les aliments du bétail, qui sont devenus inaccessibles pour les agriculteurs pauvres, à cause de l'augmentation des prix due essentiellement à l'augmentation des prix du pétrole.
Mais il y a aussi la spéculation, avec les hedge funds qui se sont portés sur les marchés à terme de Chicago, et on a vu en une journée des augmentations de 31 % des prix, qui naturellement n'avaient rien à voir avec la réalité de la demande et des stocks.
Anna : Quelles sont les régions les plus touchées dans le monde par le déficit de produits agricoles ?
Jacques Diouf : Pour le moment, c'est l'Afrique, mais aussi le Moyen-Orient, avec ce qui se passe en Egypte. Mais il y a des inquiétudes sérieuses pour l'Asie, avec le riz en particulier. Nous n'avons que douze semaines de consommation mondiale en stock, et il y a de fortes demandes, comme vous le savez, dans les pays asiatiques, au moment où les plus grands exportateurs sont en train de bloquer la sortie de leur riz pour satisfaire leur demande intérieure.
bcaron : Monsieur Diouf, devant la raréfaction des ressources hydrologiques exploitables sur l'ensemble du globe qui abaissent les rendements, n'y a t-il pas à craindre que les régions déjà les plus défavorisées soient frappées par des crises de famines majeures et entraînent une déstabilisation durable des zones sub-sahariennes et riftiennes ?
Jacques Diouf : Il y a des risques dus essentiellement au fait qu'on n'a pas investi dans la maîtrise de l'eau. En Afrique, au sud du Sahara, il n'y a que 4 % des terres arables irriguées, contre 38 % en Asie. Et ce n'est pas par manque d'eau, puisque l'Afrique au sud du Sahara utilise seulement 3 % de ses réserves en eau renouvelables, contre 14 % en Asie. Ce qui veut dire que l'agriculture en Afrique au sud du Sahara, sur 96 % des superficies, est aléatoire, puisque dépendant d'une pluviométrie sur laquelle on n'a aucun contrôle.
Il faut donc investir dans la maîtrise de l'eau, surtout sur les petits ouvrages de collecte d'eau et d'irrigation, au niveau des villages, et naturellement, améliorer la gestion et réhabiliter les grands ouvrages sur lesquels on a fait des investissements extrêmement importants. Et qui n'ont pas les rendements appropriés.
Oumar Seye : Quelles réactions vous inspirent la vague d'émeutes de la faim ?
Jacques Diouf : Une tristesse qui est d'autant plus forte que c'était la chronique d'une catastrophe annoncée.
"Le Monde" a d'ailleurs très justement rappelé que dès octobre, j'annonçais ces émeutes de la faim et qu'en juin dernier, j'avais déjà lancé, lors d'un séjour en Amérique latine, en Afrique et en Asie, la proposition d'un sommet mondial sur la sécurité alimentaire devant les défis du changement climatique et des bioénergies. Ce sommet, qui se tiendra du 3 au 5 juin 2008, va être une réunion d'urgence, avec les émeutes qu'on a vues en Asie, en Mauritanie, au Sénégal, en Guinée, au Burkina Faso, au Cameroun, au Maroc, en Egypte, en Haïti, etc. Même au Mexique, on a eu des protestations. Les femmes sont descendues dans la rue en Italie pour protester contre l'augmentation du prix des pâtes.
Nous attendons du sommet que des décisions soient prises qui ne s'attachent pas seulement à la question des prix, mais aux conséquences, même si elles sont tragiques, comme on est en train de le faire avec les mesures sur les taxes, sur les droits à l'importation, les subventions, et même l'augmentation de l'aide alimentaire en valeur. Il faut attaquer le problème de la rareté des denrées alimentaires par rapport à la demande, et prendre des mesures pour augmenter la production dans les pays déficitaires, surtout les pays en développement.
Et vous savez que dans ce cadre, j'ai, dès décembre 2007, lancé l'initiative contre la hausse des prix alimentaires en mettant, sur les ressources de la FAO, 17 millions de dollars à un fonds qui devrait atteindre 1,7 milliard de dollars,
pour permettre aux agriculteurs, notamment les plus pauvres, d'avoir accès à des semences dont les prix ont augmenté de 36 à 72 %, à des engrais dont les prix ont augmenté de 59 %, et à des aliments du bétail dont les prix ont augmenté de 62 %.
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http://www.lemonde.fr/web/chat/0,46-0@2-3220,55-1031985@51-1031034,0.html
Blog sur la production de framboises biologiques avec une méthode utilisant les "mauvaises herbes" comme engrais-paillage. la technique est une amélioraion du BRF:"Bois,Rameaux Fragmentés". elle nécéssite très peu de matériel donc très peu d'investissement; elle ne nécéssite pas non plus de travail de force style bêchage ou passage de motoculteur. en double-cliquant sur les photos,vous verrez mieux les détails. pour laisser un commentaire, choisir l'identité anonyme.
vendredi 11 avril 2008
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Qui êtes-vous ?
- paysan bio
- paysan bio producteur de framboises biologiques. passionné par mon métier. mais gêné par le fait qu'il ne procure pas un revenu suffisant pour faire vivre correctement ma famille. c'est elle la priorité,donc je vais certainement changer de métier.
1 commentaire:
Tous les malheurs que prévoient les écolos arrrivent. Les autres ont quoi dans leurs têtes?....Les billets de banque qui défilent.
Un petit pois dans le crâne.
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