Blog sur la production de framboises biologiques avec une méthode utilisant les "mauvaises herbes" comme engrais-paillage. la technique est une amélioraion du BRF:"Bois,Rameaux Fragmentés". elle nécéssite très peu de matériel donc très peu d'investissement; elle ne nécéssite pas non plus de travail de force style bêchage ou passage de motoculteur. en double-cliquant sur les photos,vous verrez mieux les détails. pour laisser un commentaire, choisir l'identité anonyme.

mercredi 5 mars 2008

heureusement,il y a des gens qui dénoncent

Portrait. Claude et Lydia Bourguignon, damnes de la terre, Le Monde, 26/02/08
Herve Morin

Deux gros boeufs tractant une charrue tronent dans le laboratoire de Claude et Lydia Bourguignon. Cette aquarelle originale du peintre animalier Olivier de Penne (1831-1897) est un clin d'oeil : les Bourguignon, specialistes des sols, ne peuvent pas voir le labourage en peinture. Ni les techniques agricoles intensives qui contribuent, selon eux, a tuer la terre.
Le couple ne police plus son discours sur la degradation des sols, fine pellicule sur laquelle repose l'essentiel de la vie de la planete. "C'est la fin de la civilisation, alerte Claude Bourguignon. Nous sommes dans la phase d'effondrement. Partout on voit baisser les rendements agricoles."
Voila bientot vingt ans, les Bourguignon ont quitte l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), ou ils estimaient ne pas pouvoir travailler sur les vrais enjeux de l'agriculture.
Depuis leur laboratoire, une superbe grange de 1754, a Marey-sur-Tille, au nord de Dijon, ils alertent les agriculteurs et etudient leurs sols. En francs-tireurs. Gens de terrain, ils ont a leur actif quelque 5 500 analyses - en France et a l'etranger.
D'une formule, Lydia resume le probleme : "La plante est incapable de sucer le caillou. Il faut que des microbes le dissolvent." Sans ce grouillement souterrain, les plantes vegetent, le sol se derobe. Elle montre ces photos de champs ravines, dans la Somme : "Des canyons, les tracteurs ne peuvent plus passer !" Leur solution : renoncer au travail mecanique du sol et laisser microbes, champignons et vers de terre s'en charger, sous un couvert vegetal qui etouffe les mauvaises herbes et reduit l'erosion.
Pour Claude, l'agriculture intensive est devenue "de la gestion de pathologies vegetales" : les varietes a haut rendement, fragiles, sont protegees en permanence par des batteries d'engrais, d'insecticides et de pesticides. En consequence, les sols souffrent et "l'humanite ne mange que des plantes malades".
L'epidemie d'obesite, la montee des allergies ? Ce n'est qu'un debut, assurent les Bourguignon. L'esperance de vie va chuter. "Les vieux d'aujourd'hui ont ete nourris aux produits bio, avant l'intensification agricole, dit-il. Les jeunes generations n'auront pas ce capital."
Leurs arguments, bien charpentes, s'imbriquent - meme s'ils meriteraient parfois d'etre reactualises. Leurs coq-a-l'ane finissent par faire sens, voire systeme : "Les memes boites produisent les engrais, les pesticides, les medicaments : de l'or en barre, inderacinable", lache Claude.
Leur unite de pensee est nee de mondes opposes. Lui, Parisien d'origine, issu d'une lignee de scientifiques medicaux. Elle, nee en Bourgogne d'un pere menuisier et d'une remailleuse de bas italiens, arrives en France en 1945.
Enfant, Claude se passionne pour la vie sauvage, fonde avec des copains de lycee le "groupe ornithologique parisien". "Il savait tout des animaux, se souvient Brice Lalonde, qui frequentait alors sa soeur ainee. Il m'a ensuite influence comme ministre. J'admire ces ouvreurs de chemin, qui ont raison avant tout le monde." Cette grande soeur fameuse, l'actrice Anemone, est toujours admirative du "courage" de son erudit de frere, "un peu professeur Nimbus", qui a converti l'ensemble de la famille a l'ecologie.
Le jeune homme se reve gardien de reserve naturelle. Mais une mission de comptage des tigres pour le WWF, en Inde, lui ouvre les yeux : "Les gens crevaient de faim. J'ai decide de faire l'Agro." Ses reticences face a ce qu'il y apprend - "nourrir les bovins avec de la viande, l'abattage de masse" - lui valent parmi ses condisciples le surnom de "Papillon", en reference a l'evade de Cayenne, Henri Charriere.
Il se specialise en microbiologie. Nomme au centre INRA de Dijon, il developpe une methode de mesure de l'activite microbienne des sols, au moment ou sa discipline s'etiole. "Elle a ete rejetee parce que les microbes, contrairement aux engrais, travaillent gratuitement."
A l'INRA, on lui demande de se concentrer sur le cycle de l'azote, pour trouver des micro-organismes capables de nettoyer les nappes phreatiques polluees aux nitrates. "J'ai dit qu'il serait peut-etre plus simple d'epandre moins d'engrais." Le message est mal passe.
De son cote, Lydia, contrainte par son pere a travailler des 16 ans, poursuit ses etudes en cours du soir. Sa maitrise de biologie lui ouvre les portes du laboratoire "graisses chauffees" de l'INRA a Dijon. Elle y est aux premieres loges pour suivre la controverse de l'huile de colza erucique qui, bien que mauvaise pour le coeur, sera produite jusqu'a ce qu'une nouvelle variete soit developpee. Elle est vaccinee vis-a-vis des discours lenifiants des scientifiques officiels, amiante, OGM, nucleaire... Et assume des vices denonces par la Faculte : elle tolere le cigare et goute le vin - elle est diplomee d'oenologie, toujours en cours du soir.
Leur rencontre a l'INRA conduira finalement a un divorce avec cette institution. Ils y sont aujourd'hui percus comme des amateurs trop peu soucieux d'etayer scientifiquement leurs discours alarmistes. Ou comme des "idiots utiles", capables d'attirer l'attention sur la fragilite des sols. L'INRA evoque d'ailleurs le sujet dans un colloque, le 26 fevrier, lors du Salon de l'agriculture.
En 1989, lorsqu'ils se "defonctionnarisent" pour s'installer a leur compte, c'est d'abord "la galere". Claude enchaine les conferences, autour de son livre Le Sol, la Terre et les Champs (edition La Manufacture/Sang de la Terre, epuise).
C'est grace a l'une d'elles qu'Anne-Claude Leflaive, responsable d'un prestigieux domaine de Puligny-Montrachet, decide de produire ses vins en suivant ses preceptes. "En degustation, ils ont davantage de complexite aromatique", se felicite-t-elle aujourd'hui. L'approche fait tache d'huile. Aujourd'hui, 90 % des clients des Bourguignon sont viticulteurs. "Ils vont vite et parfois choquent, note Anne-Claude Leflaive, mais ils sont ecoutes dans notre secteur."
L'agriculture fait encore la sourde oreille, plus confiante dans les analyses de sol gratuites des vendeurs d'engrais que dans leurs prestations payantes (800 euros hors taxes). Mais en Argentine, John Waymel, un Francais qui exploite ble, mais et soja en rotation sur 22 000 hectares, les a fait venir sur ses terres. Il ne tarit pas d'eloges sur la methode Bourguignon. Meme si, en passant aux OGM, il a commis une entorse que ceux-ci deplorent. "Ils proposent une agriculture reflechie, soutenable dans le temps, a l'inverse de l'Europe ou on applique des recettes subventionnees", juge John Waymel, qui souhaite aux Bourguignon de faire ecole. La situation n'est pas desesperee : leur fils travaille actuellement, en Nouvelle-Zelande, a une these en... microbiologie des sols.
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Parcours
1949 : Naissance de Lydia a Dijon (Cote-d'Or).
1951 : Naissance de Claude a Paris.
1977 : Rencontre a l'Institut national de la recherche agronomique de Dijon.
1990 : Ouverture de leur laboratoire a Marey-sur-Tille (Cote-d'Or).
1993 : Remportent l'appel d'offres pour replanter le domaine de La Romanee-Conti.
2008 : N'assistent pas a la conference de l'INRA sur les sols au Salon de l'agriculture.
<http://abonnes.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/02/26/claude-et-lydia-bourguignon-damnes-de-la-terre_1015833_3244.html#ens_id=1015917>


information:
le sol est VIVANT:

Le sol est vivant : 1 hectare peut contenir entre 1 et 5 tonnes d'animaux (insectes, vers de terre, etc.), 3,5 tonnes de champignons et 2,5 tonnes de bacteries.

"Chaque gramme de terre contient 10 000 bacteries differentes"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne savais pas qu'Anémone, l'actrice, était la soeur ainée de Bourguignon. ;-))
Je comprend mieux son engagement anti ogm, ils sont cohérents dans la famille. ;-)) DEN


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Qui êtes-vous ?

paysan bio producteur de framboises biologiques. passionné par mon métier. mais gêné par le fait qu'il ne procure pas un revenu suffisant pour faire vivre correctement ma famille. c'est elle la priorité,donc je vais certainement changer de métier.