Blog sur la production de framboises biologiques avec une méthode utilisant les "mauvaises herbes" comme engrais-paillage. la technique est une amélioraion du BRF:"Bois,Rameaux Fragmentés". elle nécéssite très peu de matériel donc très peu d'investissement; elle ne nécéssite pas non plus de travail de force style bêchage ou passage de motoculteur. en double-cliquant sur les photos,vous verrez mieux les détails. pour laisser un commentaire, choisir l'identité anonyme.

mercredi 12 mars 2008

la nourriture INDUSTRIELLE et Jane Gooddall

Jane Goodall : "Chaque bouchee change le monde", Le Monde 2 n°211, 29/02/08
Frederic Joignot

Sa longue enquete sur les chimpanzes l'a rendue celebre. Grace a elle, on sait a quel point l'animal est proche de l'homme. A 7 3 ans, Jane Goodall engage un nouveau combat. Dans "Nous sommes ce que nous mangeons" (Actes sud), elle denonce les aberrations de l'industrie agroalimentaire et lance un plaidoyer pour une alimentation responsable. Rencontre avec une vieille dame indignee.
"Wou ! Hou ! Hou ! Hou ! Wou, wou !" A la tribune, Jane Goodall crie. Frele silhouette, cheveux blancs, visage lumineux. Les trois cents enfants sont ecroules de rire. "Elle vous a adresse un bonjour en chimpanze", leur explique le traducteur. Les gamins, des tout jeunes, de la sixieme a la troisieme, repartent a pouffer. Ils viennent d'ecouter sagement le discours du ministre de l'education, Xavier Darcos, qui s'est excuse d'etre si long. La tension se relache.
Bien vite, un collegien demande la parole : Jane Goodall connait-elle d'autres expressions en langage singe ? Elle se leve aussitot : "Je vais vous raconter comment j'ai accueilli votre president au Gabon, cet ete." Elle demande au traducteur de jouer le role de Nicolas Sarkozy. "Vous savez, explique-t-elle, marchant vers lui en se dehanchant, chez les chimpanzes, helas, les femelles, helas, doivent d'abord faire des signes de soumission pour aborder un male dominant…" Elle avance baissant la tete, criaillant : "Heu ! Heu ! Heu !" Puis elle se jette au cou du traducteur en poussant de joyeux gemissements. "Cela signifie Bonjour Monsieur Sarkozy ! "
Rigolade generale
Les collegiens sont venus a l'Ecole nationale de chimie de Paris rencontrer l'extraordinaire docteur Jane Goodall dans le cadre de la campagne "L'Ecole agit !", decidee pendant le Grenelle de l'environnement. Des appels a "projets ecologiques" ont ete lances dans tous les lycees et colleges de France. Aujourd'hui, les eleves du sud de Paris viennent les exposer a la primatologue. Un micro circule. Un bout de chou de fillette, un gamin tout rouge de sixieme, un gomine fierot de troisieme, expliquent comment ils recuperent les papiers, trient les dechets. L'un d'eux reclame de l'aide : "Nous voudrions recycler, mais nous n'avons aucun moyen !" Emue, Jane Goodall encourage les uns, felicite les autres.
Elle interpelle le ministre : "Je ne dirais pas que les enfants heritent de notre monde. Ce n'est pas un cadeau !"
Elle brandit un singe en peluche qui a ete fabrique par son ami "Gary", un enfant aveugle qui, raconte-t-elle, fait de la plongee sous-marine, du ski nautique, sculpte. A le voir, personne ne devine sa cecite. "Tout est possible !" s'ecrie-t-elle. Elle impressionne.
Le docteur Jane Goodall a bouleverse les sciences de la nature, l'ethologie, toutes nos conceptions bornees sur les "animaux-machines" – de mauvais pretextes, dit-elle, pour les massacrer. Elle a mene, sur les rives du lac Tanganyika, en Tanzanie, la plus longue enquete jamais faite sur les chimpanzes, vivant parmi eux, les etudiant jour et nuit. Elle a observe que les singes effeuillent des brindilles et s'en servent pour "pecher" des fourmis, se soignent avec des plantes medicinales, cassent des noix a coups de pierres. Elle a montre qu'ils developpent chacun une personnalite, forment des familles, se reconnaissent dans une flaque d'eau, transmettent des connaissances a leurs petits.
Ses recherches, comme celles de Dian Fossey sur les gorilles et Frans De Waal sur les bonobos, ont fait reculer le "propre de l'homme".
Elles ont mis en evidence l'usage d'outils, une conscience de soi, le recours a des symboles, des formes de ruse, de politique et de culture chez les grands singes. Elles ont revele que nous etions "le troisieme chimpanze", leur proche cousin.
Des decouvertes qui rendent leur extinction annoncee encore plus odieuse.
Aujourd'hui, les instituts Jane Goodall comptent trente-huit bureaux dans le monde (en France, janegoodall.fr), se consacrent a la protection des grands primates, la creation de sanctuaires animaliers, l'amelioration des zoos (ChimpanZoo), l'etude des animaux, la reforestation et le developpement (Africa Programs). Quelque neuf mille groupes Jane Goodall - Roots & Shoots (racines et pousses), destines a sensibiliser les ecoliers a la destruction de l'environnement, ont ete formes a travers 95 pays.
Jane Goodall a ete honoree pour ses travaux par la National Geographic Society, recu la medaille Benjamin Franklin pour les sciences de la vie, le titre de "messager de la paix" des Nations unies, la recompense Gandhi-King pour la non-violence – et elle est officier de la Legion d'honneur francaise. Elle est l'auteur de plusieurs livres, essais et articles d'ethologie importants. Elle sillonne desormais le monde pour alerter l'opinion. Elle passe a Paris en cette fin janvier pour lancer un nouveau combat, defendu dans son dernier ouvrage paru : Nous sommes ce que nous mangeons.
Pourquoi s'interesse-t-elle aujourd'hui a la nourriture ? Toujours a cause des animaux. D'entree d'entretien, sa colere gronde. "Quand des gens me disent qu'ils sont revoltes par les traitements que nous infligeons aux animaux, cela me met en rage. Que font-ils pour les empecher ? Quels animaux mangent-ils tous les jours ? Aident-ils les populations defavorisees qui tuent les especes menacees pour se nourrir ?"

Jane Goodall est une vieille dame indignee.

Il y a de la suffragette britannique, de l'anarchiste activiste derriere ce sourire lumineux. En arrivant a l'Ecole nationale de chimie, elle courait dans l'escalier. "Je fais un peu de gymnastique. Je suis vegetarienne, regardez comme je suis en forme. Nous pouvons tout a fait nous passer de viande, vous savez !"
Obesite et gaspillage
Dans son livre, Jane Goodall denonce notre "boulimie" occidentale de viande. Elle en enumere les consequences, comme l'avait deja fait l'economiste Jeremy Rifkin dans son etude Beyond Beef ("Au-dela du bœuf", Plume Books, 1993, non traduit). Les chiffres qu'ils citent effraient. 1,2 milliard de bœufs, vaches, veaux et moutons destines a l'abattage vivent sur terre : 100 000 bovins sont abattus par jour aux Etats-Unis, 3 000 000 par an en France.
Ce veritable continent d'animaux de boucherie, et la monoculture cerealiere qui l'accompagne, occupent 25 % des terres cultivees planetaires.
Un tiers des cereales mondiales nourrit le betail que devorent un demi-milliard d'Occidentaux trop gras.
Au Bresil, 23 % des terres arables vont a l'alimentation du bœuf exporte, au detriment du mais et des haricots noirs, nourriture de base des paysans.
90 % du bœuf du Guatemala, pays en malnutrition, part aux Etats-Unis.
50 000 tonnes de bœuf passent chaque annee de l'Amerique latine aux Etats-Unis.
Les consequences ? L'obesite : 6,7 milliards de hamburgers sont vendus aux Etats-Unis chaque annee dans les fast-foods. En moyenne, un Americain entre 7 et 13 ans mange 6,2 hamburgers par semaine, presque un par jour.
L'eau gaspillee : selon Rifkin, 50 % de l'eau consommee aux Etats-Unis sert a l'elevage. Et le rechauffement planetaire : les dejections et pets des ruminants liberent chaque annee dans l'atmosphere 60 millions de tonnes de methane, dont la molecule accumule vingt-cinq fois plus de chaleur solaire qu'une molecule de CO2…
"Au depart, je voulais juste ecrire un livre de recettes vegetariennes, explique Jane Goodall avec son joli sourire de grand-mere. Et puis j'ai commence a enqueter sur la facon dont le monde se nourrit. J'ai ete epouvantee. Nous avons perdu la raison !"

Son ouvrage commence par un hommage a la cuisine francaise et a notre tradition de pays "gourmet". Elle y decrit sa fascination pour toutes les expressions culinaires hexagonales importees dans la langue anglaise : aperitif, croquette, consomme, croutons, flambe, hors-d'œuvre, gratin, quiche, liqueur, mayonnaise, petits fours, souffle…
Puis elle s'etonne qu'entre 1997 et 2003, l'obesite ait augmente de 15 % en France – que 11,6 % d'adultes et 15 % d'enfants y souffrent de surpoids.
Le docteur Jane Goodall a une explication.
"La multiplication des fast-foods, la mondialisation d'une cuisine bon marche a base de viande et d'huiles sursaturees, voila ce qui a altere la tradition francaise du bien-manger, son gout pour les produits frais et de terroir.
– Vous n'allez pas convaincre les Francais de devenir vegetariens…
– Ils pourraient manger moins de viande. Ils pourraient s'interroger sur l'elevage et l'abattage de masse, se demander quelle philosophie justifie toutes ces souffrances. Pensez a ce qu'est la vie d'une vache, elevee en prison, piquee aux hormones, s'effondrant sur elle-meme, souvent envoyee a l'abattoir consciente, ecorchee vive.
– Ecorchee vive ?
– Je n'invente rien. De nombreux animaux meurent dans des conditions effroyables, depeces encore vivants, lisez le reportage de Gail A. Eisnitz sur les abattoirs de Chicago [Slaughterhouse : the Shocking Story of Greed, Neglect, and Inhumane Treatment Inside the US Meat Industry, Prometheus Books, 1997]. Avez-vous deja approche une vache ?
Enfant, j'allais a la ferme de ma grand-mere dans le Kent. Les vaches repondaient a leur nom, nous connaissions la personnalite de chacune, le troupeau paissait dans un pre de trefles, changeait de paturage. Ensuite, nous y mettions les cochons qui retournaient la terre, devoraient les bouses, eliminaient bacteries et parasites. J'adore les cochons. Ce sont des betes tres intelligentes, joueuses, affectueuses, comme les chiens. Quand on pense qu'ils sont enfermes dans des porcheries minuscules ou regne une odeur infernale, alors qu'ils possedent un odorat extremement fin ! En mangeant tous ces animaux, qui ont longtemps ete nos dieux, nos proches, nous mangeons leurs souffrances, nous incorporons les tortures qu'ils subissent. Je ne peux pas l'oublier."
De la facon dont l'homme traite les animaux, il traitera les humains.
C'est un des themes recurrents chez Jane Goodall.
"Prenez les premieres chaines de montage des usines Ford, elles ont ete copiees sur le modele des abattoirs. Ce n'est pas par hasard." Henri Ford, selon elle, avait remarque que parcelliser les operations d'ecorchage concentrait les employes sur une activite mecanique – qui leur evitait toute reflexion. On n'abattait plus des betes, on abattait un travail. Sans etat d'ame.
En appliquant ces methodes aux humains, Henri Ford a inaugure les "temps modernes" decrits par Chaplin. L'ere industrielle qui a deshumanise le travail – et le travailleur.
Le martyre des saumons
"Des que nous ne considerons plus les humains comme tels, nous les traitons, dit-on, comme des animaux . Or, traiter sans aucune compassion les animaux, les considerer comme des objets industriels et plus comme des especes souffrantes, est deja une cruaute indefendable." Sa colere scintille.
Evaluer les consequences incalculables de chaque bouchee de nourriture, voila la nouvelle quete de Jane Goodall. Prenez un sushi. La semaine de notre rencontre, le Fonds mondial pour la nature (WWF) appelait solennellement les grandes surfaces a cesser de vendre du thon rouge, le grand thon fusele de Mediterranee. Il disparait a jamais, deguste dans tous les restaurants japonais d'Europe. Jane Goodall hausse les epaules a cette nouvelle. Rien ne l'etonne plus depuis qu'elle mene ses recherches. Beaucoup de grands poissons sont condamnes a court terme : elle en dresse la liste dans son ouvrage, au chapitre "Le pillage des mers et des oceans". D'apres des enquetes canadiennes recentes, le saumon boccacio, la raie tachetee, le chevalier cuivre, le colin, l'eglefin, l'espadon, le capelan, le thon, la morue (ou cabillaud) sont tombes en Atlantique en dessous des 10 % de leurs populations de 1950.
"Quand j'etais petite, la morue etait consideree comme le pain de la mer . Elle etait tres bon marche. Nous en achetions dans les fish and chips et les emportions chez nous dans du papier paraffine. Aujourd'hui, la morue est en voie d'extinction. Tout comme le saumon sauvage. Nous mangeons des saumons d'elevage entasses dans des fermes piscicoles ou on les nourrit avec des petits poissons, decimes a leur tour. Ils attrapent des poux de mer qui se repandent hors des cages et exterminent les especes sauvages. Ils presentent des ulceres, des maladies du foie, deviennent obeses. Les producteurs les traitent avec des antibiotiques et des hormones de croissance. Ils les inondent avec des colorants roses pour que leur chair soit presentable dans les supermarches. Des etudes menees par la biologiste Angela Morton en Colombie-Britannique ont montre qu'ils sont infestes par des bacteries resistant a 11 antibiotiques sur 18."
Le docteur Jane Goodall ne se lasse pas d'egrener les absurdites associees a ce qu'elle appelle l'"agrobusiness". "Prenez l'usage methodique des semences a rendement eleve. Elles finissent par appauvrir dangereusement le patrimoine genetique des plantes mondiales. En 1970, dans toute l'Asie, les semences de riz ont ete attaquees par un virus. Les scientifiques ont cherche partout une espece resistante. Ils en ont trouve une seule, dans une vallee indienne reculee. Aujourd'hui, cette vallee a ete submergee par un projet hydro-electrique. Que se serait-il passe, si cela etait arrive avant ?"
Quand elle parle des OGM, c'est pour mettre en garde. "De tres nombreuses anecdotes montrent que les animaux ont une aversion naturelle pour les OGM. Ainsi les oies sauvages ne vont jamais dans les champs de colza a graines modifiees. En Amerique, des eleveurs ont constate que les vaches preferent le mais naturel au mais Bt, les porcs dedaignent les rations OGM. Quant aux ratons laveurs, ils devastent les champs bio, pas les autres. Pourquoi ? Ils developpent des sens plus aceres que les notres. Une etude systematique realisee en Grande-Bretagne par le chercheur Arpad Pusztai a montre que les pommes de terre Bt rendent malades les rats de laboratoire. Ce chercheur a ete suspendu, puis, heureusement, rehabilite par la revue The Lancet."
Des signes d'optimisme
Derriere sa critique de la nourriture industrielle, les animaux demeurent toujours au cœur de ses preoccupations. "Aux Etats-Unis, les produits chimiques agricoles tuent a peu pres 67 millions d'oiseaux chaque annee. En Iowa, on ne les entend plus saluer le printemps sur les terres cultivees. Silent spring, " le printemps silencieux", la prophetie de Rachel Carson, une des initiatrices du mouvement ecologique des annees 1960, semble en passe de se realiser. C'est affreux…" Quand on oppose a Jane Goodall qu'il faut bien developper une agriculture intensive pour nourrir une population de six milliards d'humains, elle se fache. "Je crois a l'avenir de la culture biologique.
– Mais cela ne suffira pas…
Les jeunes generations comprennent, je le vois dans toutes mes conferences. Elles vont boycotter la nourriture industrielle, elles vont changer leur maniere de se nourrir, et cela va gagner le monde…
– Vous voyez des signes d'optimisme ?
- Partout. En 1990, aux Etats-Unis, les consommateurs ont achete pour 1 milliard de dollars d'aliments et de boissons issus de l'agriculture biologique. En 2002, ce chiffre atteignait 11 milliards. Que se passera-t-il en 2020 ? Resultat immediat, de plus en plus de fermiers americains choisissent de se convertir aux methodes biologiques. On comptait en 1997 485 000 hectares bio . Ils avaient double en 2004. C'est tres encourageant. Il faut aussi voir les rendements. Pendant la secheresse de 1998, les exploitations bio americaines ont donne des recoltes beaucoup plus abondantes que les fermes industrielles. Cela commence a se savoir… Meme si notre vieux monde industriel, voue au profit rapide, ne change pas par preoccupation ethique ou par compassion pour les animaux, il devra bien evoluer ne serait-ce que pour survivre.
Cela me rend optimiste !" Revoila son sourire lumineux.
<http://abonnes.lemonde.fr/le-monde-2/article/2008/02/29/jane-goodall-chaque-bouchee-change-le-monde_1016557_1004868.html>

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour à tous, je viens de tomber sur un documentaire narré par Joachim Phoenix qui traite de la place de l’homme dans la nature et de son action négative sur le monde animal. Aussi utile que dérangeant, à l’instar d’une vérité qui dérange de Al Gore, ce film a eu un énorme succès aux USA où il a remporté de nombreux prix.

Je vous invite a le visionner à cette adresse : http://www.e-citizen.tv/wordpress/

Ps : “the definitive documentary film of all time that Americans don’t want to see ! “
The humane Society


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Qui êtes-vous ?

paysan bio producteur de framboises biologiques. passionné par mon métier. mais gêné par le fait qu'il ne procure pas un revenu suffisant pour faire vivre correctement ma famille. c'est elle la priorité,donc je vais certainement changer de métier.